La télémédecine remboursée par la Sécu…sous conditions

La télémédecine, vue depuis une dizaine d’années par les gouvernements successifs comme l’un des remèdes à la lente, mais inexorable, désertification médicale, franchit une étape. À compter de ce samedi 15 septembre, les consultations médicales par visioconférence sont prises en charge par l’Assurance maladie. Une téléconsultation est facturée au même tarif qu’une consultation physique en cabinet, soit entre 23 euros et 58,50 euros, selon la spécialité et le secteur d’exercice du médecin. La répartition de la prise en charge entre la Sécu et les mutuelles est également la même.

« Le remboursement n’est possible que si la téléconsultation respecte le parcours de soins, c’est-à-dire qu’elle passe par le médecin traitant ou par un spécialiste vers lequel le médecin traitant aura orienté le patient », rappelle-t-on au siège de l’Assurance maladie. « Le professionnel de santé doit aussi connaître le patient au préalable et ce dernier doit avoir été vu par son médecin traitant dans les 12 mois qui précèdent la téléconsultation. » Autre règle à respecter : la consultation doit nécessairement se dérouler en visioconférence, non pas par téléphone.

Des cabines ou chariots de téléconsultation

Pour les patients qui n’ont pas le matériel nécessaire ou une connexion suffisante pour la téléconsultation, ils peuvent être orientés vers des cabines ou  » chariots  » de téléconsultation installés dans des lieux de proximité (maison de santé, mairie, pharmacie, etc.). « Ces équipements sont en cours de déploiement actuellement « , répond-on à la Cnam, sans préciser combien de lieux publics proposent le dispositif à ce jour.  

Au passage, l’Assurance maladie appelle les assurés à faire attention s’ils ont recours à l’une des nombreuses plateformes de télémédecine qui ont envahi le marché.  » Beaucoup d’acteurs commercialisent des services de mise en relation et de prise de rendez-vous avec des médecins qu’ils salarient et que les patients ne connaissent pas. Or s’ils sortent du parcours de soins, les assurés ne seront pas remboursés par l’Assurance maladie et, bien souvent, les plateformes ne le précisent pas dans leurs plaquettes de communication ! « 

« Trou dans la raquette »

Un avertissement qui passe plutôt mal auprès des professionnels. « On comble un trou dans la raquette en proposant une solution ouverte 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, qui a aussi le mérite d’être moins contraignante que le parcours de soins « , répond Jean-Hubert Bannwarth, directeur général délégué d’APRIL Santé prévoyance, qui lance ce samedi son propre service de téléconsultation, baptisé Santé Actif d’APRIL. Les clients du groupe auront accès jour et nuit à une plateforme de mise en relation avec des médecins qui pourront émettre un avis, faire une ordonnance ou renvoyer les cas les plus graves vers les urgences. « Dans le cadre de leur contrat, nos assurés débourseront zéro euro pour bénéficier de cette offre « , souligne le dirigeant.

Le remboursement des téléconsultations par l’Assurance maladie est, selon lui, une avancée mais qui reste  » relative « .  » Peu de médecins traitants sont aujourd’hui équipés pour ces téléconsultations et, en plus, l’équipement coûte très cher. Quand vous imaginez que tous les cabinets n’acceptent pas encore la carte bleue… « 

Jean Kramarz, directeur Santé d’Axa Assistance, ne l’exprime pas de la même manière mais partage cet avis.  » Est-ce que les médecins traitants auront le temps d’organiser des téléconsultations alors qu’ils sont déjà débordés dans leurs cabinets ?  » L’assureur, qui a eu l’autorisation des autorités de se lancer dans la télémédecine dès 2015, propose aussi à ses clients – dans le cadre de leur contrat d’assurance, donc sans frais supplémentaires – un service de mise en relation avec des médecins. Aujourd’hui, il réalise 15.000 à 20.000 consultations par an.

Dispositifs complémentaires

Lorsque l’on tombe malade en vacances à des centaines de kilomètres de son médecin traitant, ou quand les enfants se sentent mal en plein milieu de la nuit, ou encore lorsque les lignes de SOS Médecins sont saturées…  » Notre offre s’adresse à toutes les personnes dont le médecin traitant n’est pas disponible et qui pensent que leur problème ne peut pas attendre, sans être assez grave pour aller aux urgences.  » Le service d’Axa Assistance couvre  » toutes les compétences de la médecine générale « , à l’exception du renouvellement d’ordonnance ou de la délivrance d’un arrêt de travail.

Selon Jean Kramarz, « l’activité va continuer à croître et, compte tenu du manque de disponibilité des médecins, il reste de la place pour de nombreux acteurs sur ce marché, en parallèle du parcours de soins ».  Signe de cette complémentarité, selon lui, « 56% de nos téléconsultations ont lieu en dehors des heures d’ouverture des cabinets médicaux ».

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