L’A330 NEO d’Airbus va-t-il couper les ailes au 787 de Boeing?

Airbus n’aura pas attendu longtemps pour dégainer son premier Scud. L’avionneur européen a enflammé le salon aéronautique de Farnborough en annonçant lundi 14 juillet une nouvelle version de son long-courrier bestseller A330, baptisé A330 NEO. Prévu pour fin 2017 et décliné en deux versions (A330-800 NEO de 252 sièges et A330-900 NEO de 310 sièges), l’appareil se veut un « 787 killer » : face au succès du 787 Dreamliner de Boeing, plus sobre en carburant que l’A330 actuel, la version NEO affichera, selon Airbus, une consommation de carburant inférieure de 14% par rapport à la génération en service. «L’A330 NEO affichera des coûts opérationnels inférieurs au 787, assure le patron d’Airbus, Fabrice Brégier. Nous espérons vendre un millier d’A330 NEO ». Soit un marché de 275 milliards de dollars, au prix catalogue de l’appareil.

Des coûts de maintenance inférieurs à ceux du 787

Pourquoi lancer ce nouveau programme, alors même qu’Airbus développe une nouvelle gamme de long-courriers A350 ? « Il y a une énorme demande des compagnies, qui sont très attachées à l’A330, assure John Leahy, le directeur commercial d’Airbus. L’A330 NEO affichera une capacité en sièges et une consommation à peu près égales au 787, mais des coûts de maintenance et d’opérations inférieurs. »

L’autre raison de ce lancement, qu’Airbus excluait encore résolument il y a un an, c’est l’échec commercial patent du remplaçant désigné de l’A330, l’A350-800, la version la plus courte de l’A350. Les commandes de cet appareil ont fondu de 110 à seulement 34 commandes en trois ans, au profit des versions plus longues. « La tendance des clients à choisir des avions plus gros va se poursuivre, assure Fabrice Brégier. Je pense que les clients vont migrer vers l’A350-900, plus grand, ou vers l’A330 NEO, plus compétitif sur le segment. »

Une première commande signée dans la foulée de l’annonce

Airbus assure que le nouvel appareil ne sera pas pénalisé par son architecture plus ancienne que celle du 787 : « En entrant dans un A330 NEO, la seule façon de savoir que vous n’êtes pas dans un 787 est le fait que les sièges sont plus larges », rigole John Leahy. 

La première commande n’a d’ailleurs pas tardé, avec l’engagement d’achat pour 25 A 330 NEO signé par le loueur ALC dans la foulée de l’annonce. Le choix de Steven Udvar-Hazy, patron d’ALC, ne manque pas de sel : en 2006, cette légende du transport aérien, fondateur du géant de la location d’avions ILFC, avait dézingué en vol une première version de l’A350 d’Airbus… qui se résumait justement à une sorte d’A330 remotorisé comme le NEO. « C’était il y a huit ans, le marché a évolué », tempère l’intéressé. « L’A330 NEO que nous annonçons aujourd’hui est bien plus efficace que ce que nous proposions à l’époque, car nous avons continué à investir pour améliorer l’A330 », confirme Fabrice Brégier.

Un calendrier de développement ambitieux

L’A330 NEO intégrera un moteur Rolls-Royce plus gros et plus sobre en carburant de 11%, le Trent 7000, mais aussi une aile optimisée de 64 mètres (3,7m de plus que l’A330 actuel) ainsi que des winglets, ces ailettes placées au bout de la voilure pour améliorer encore la consommation de l’appareil. Airbus estime l’investissement dans le programme entre un et deux milliards d’euros, loin de la dizaine de milliards nécessaire à un développement de nouvel appareil depuis une feuille blanche.

Pour mener à bien toutes ces modifications, Airbus s’est fixé un calendrier de développement ambitieux. L’avionneur annonce une première livraison de l’A330 NEO pour fin 2017 (version 900) et début 2018 (version 800), soit une mise en service en seulement 42 mois. « Nous avons appris de nombreuses leçons en construisant l’A320 NEO, nous pourrons donc faire l’A330 NEO plus rapidement », assure Kiran Rao, vice-président d’Airbus en charge de la stratégie et du marketing.

Boeing assure n’y voir « aucune menace »

Que pense Boeing de cette nouvelle concurrence ? Le géant de Chicago assure n’y voir aucune vraie menace. « Nous connaissons cet appareil depuis les années 80, assure le patron de l’aviation commerciale de Boeing, Ray Conner. Nous sommes parfaitement à l’aise avec notre ligne de produits. » Fabrice Brégier préfère en rire : « Boeing disait la même chose en 2011 au salon du Bourget après le lancement de l’A320 NEO », assure le patron d’Airbus. Un mois plus tard, il répliquait en lançant le 737 MAX.


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