Les dirigeants de la Chine, du Japon et de la Corée du Sud se sont réunis lundi à Séoul pour un sommet trilatéral, le premier depuis plus de quatre ans, dans un effort visant à revitaliser leurs relations économiques et sécuritaires. Lors de cette rencontre, le Premier ministre chinois, Li Qiang, a exhorté ses homologues japonais et sud-coréens à refuser le protectionnisme et à promouvoir le libre-échange.
Li Qiang a déclaré que les questions économiques et commerciales ne devraient pas être transformées en “jeux politiques ou en questions de sécurité”, selon les médias d’État chinois. Il a insisté sur la nécessité pour les trois pays de se considérer comme des “partenaires et des opportunités de développement”.
Le sommet trilatéral, le neuvième de ce type, a été marqué par un engagement commun à institutionnaliser la coopération trilatérale par la tenue régulière de sommets et de réunions ministérielles. Les trois dirigeants ont également convenu d’accélérer les négociations en vue de conclure un accord de libre-échange équitable, complet, de haute qualité et mutuellement bénéfique.
Contexte et enjeux sécuritaires
La rencontre s’est déroulée dans un contexte de tensions régionales accrues, notamment en raison des menaces nucléaires et balistiques de la Corée du Nord. Juste avant le sommet, Pyongyang avait annoncé son intention de lancer une fusée, soulignant les préoccupations sécuritaires persistantes dans la région.
Les dirigeants des trois pays ont réitéré leur appel à la dénucléarisation de la péninsule coréenne et se sont engagés à faire des efforts positifs pour parvenir à un règlement politique de cette question. Cependant, selon Stephen Nagy, professeur à l’Université chrétienne internationale de Tokyo, la Chine dispose de peu de levier sur la Corée du Nord, et toute coopération visant à freiner la prolifération des armes devra passer par une collaboration entre la Corée du Sud, le Japon et les États-Unis.
Implications économiques et commerciales
Sur le plan économique, les trois nations se sont engagées à garantir un terrain de jeu équitable et transparent pour le commerce et les investissements mondiaux. Elles ont également souligné la nécessité de continuer à communiquer sur le contrôle des exportations.
La Chine représente un marché immense que ni le Japon ni la Corée du Sud ne peuvent se permettre d’ignorer. Tobias Harris, directeur adjoint du programme Asie au German Marshall Fund des États-Unis, a souligné l’importance pour les deux pays de maintenir des chaînes d’approvisionnement fluides et de protéger le système de libre-échange mondial.
Rencontres bilatérales et préoccupations régionales
À la veille du sommet, Li Qiang a eu des entretiens bilatéraux avec les dirigeants sud-coréen et japonais. Lors de sa rencontre avec le Premier ministre japonais Fumio Kishida, ce dernier a exprimé ses “graves préoccupations” concernant la situation en mer de Chine méridionale et a souligné l’importance de la paix et de la stabilité dans le détroit de Taïwan pour la communauté internationale, y compris le Japon.
Malgré les tensions géopolitiques croissantes, Pékin et Tokyo cherchent à stabiliser leur relation. Cependant, comme l’a noté Harris, le rapprochement du Japon avec Taïwan et sa coopération accrue avec les États-Unis rendent difficile l’isolation des relations économiques sino-japonaises de ces développements.
Ce sommet marque une étape importante vers la revitalisation de la coopération économique et sécuritaire des trois pays. Toutefois, les défis régionaux, notamment la menace nord-coréenne et les tensions autour de Taïwan, continuent de peser sur cette dynamique. Les prochains mois seront cruciaux pour déterminer si ces engagements se traduiront par des initiatives concrètes et durables.