Lamy suggère de s’attaquer au mille-feuille territorial

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Opération séduction pour Pascal Lamy. L’homme fort de la mondialisation peaufine désormais son image en France alors que son mandat à la tête de l’Organisation mondiale du commerce prend fin. A près deux mandants de 4 années, il laissera les rênes au brésilien Roberto Azevedo le 1er septembre prochain, à minuit pile.

Celui qui est membre du parti socialiste depuis 1969 et qui pourrait bien avoir un avenir gouvernemental national, ne compte pas pour le moment en dire plus sur ce que sera son avenir. Une chose est sûre précise-t-il, il sera international. En attendant, l’ancien commissaire européen au Commerce, n’hésite plus à prodiguer ses conseils au chef de l’Etat, au lendemain de son intervention télévisée. Il partage notamment son optimisme, considérant que de manière générale, la France est trop… pessimiste.

Si « techniquement », François Hollande a raison de promettre une reprise économique dans les prochains mois, le directeur général de l’OMC est très clair sur ses conséquences pour l’emploi : « le niveau de croissance française n’autorisera pas l’espoir fondamental de réduire le chômage ». Un sérieux bémol à l’optimisme démesuré du président de la République concernant sa capacité à inverser la courbe du chômage d’ici la fin de l’année. « Il faut entre 1,5 et 2% de croissance pour réduire le chômage. Aujourd’hui le potentiel de la France est de l’ordre d’un demi-point », explique Pascal Lamy. Autant dire qu’il croit peu dans l’engagement du chef de l’Etat.

Assainir les finances publiques

Selon lui, il n’y a pas de secret, il faut continuer l’assainissement des finances publiques, améliorer la compétitivité de la France, poursuivre les réformes de structures, à l’image de ce qu’ont pu faire le Canada ou l’Allemagne. Et parmi les sujets tabous auxquels il faut s’attaquer Pascal Lamy pointe du doigt celui de l’organisation territoriale, un mille-feuille aux « frais généraux exorbitants pour un pays de 60 à 70 millions d’habitants ».

Il rejoint ainsi le constat de la Cour des comptes qui, dans un rapport publié jeudi dernier, dénonce une organisation « trop complexe et insuffisamment efficiente ». Ce document préconise de simplifier l’organisation territoriale au moment où les crédits diminuent.

Pour Pascal Lamy, « ce sont des réformes lourdes, profondes et politiquement difficiles dans un pays dont chacun sait qu’il est peu enclin à la réforme de manière générale ». Une manière de dire que lui, il aura le courage nécessaire pour mener à bien l’assainissement des finances publiques? Réponse à la rentrée.

   >> L’entretien vidéo avec Pascal Lamy :


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