Le Boeing 777 veut rester le cauchemar d'Airbus

A un peu moins de 25 ans, le « triple 7 » en a encore sous le capot. Fort de 51 nouvelles commandes en 2018, le biréacteur 777 de Boeing vient de passer la barre symbolique des 2.000 commandes, à 2.013 appareils commandés depuis 1995. L’appareil conforte ainsi son statut de long-courrier le plus vendu du monde, devant l’A330 d’Airbus (1.736 commandes) et un autre long-courrier de Boeing, le 787 (1.403). Entré en service en 1995, le 777 a marqué une rupture dans l’aviation commerciale : pour la première fois, un biréacteur permettait de franchir des distances jusqu’alors réservées aux quadriréacteurs, grâce à un réacteur surpuissant, le GE90 du motoriste américain GE.

Cette irruption sur le marché a précipité la mort de l’A340 d’Airbus, quadriréacteur incapable de lutter avec le nouveau venu. Elle a aussi durablement imposé Boeing comme le leader mondial des long-courriers. Le 777 est notamment un des piliers de la flotte des compagnies du Moyen-Orient, avec plus de 450 commandes des Emirates, Qatar Airways et autres Etihad. L’appareil est, enfin, devenu le long-courrier référence de la flotte d’Air France : avec 68 appareils, la compagnie française en est un des premiers clients mondiaux… Un affront qu’Airbus n’a jamais vraiment digéré.

Attaqué par l’A350

L’entrée en service de l’A350 d’Airbus en 2015 a quand même porté un rude coup au best-seller de Boeing. Confronté à deux concurrents de nouvelle génération, l’A350-900 (325 sièges) et l’A350-1000 (366 sièges), le biréacteur américain a vu ses ventes chuter. Le 777-200, version ultra-long courrier de l’avion, a quasiment disparu de la circulation. Même le best-seller 777-300ER fait grise mine : sa cadence de production a été divisée par deux depuis 2016.

Fin de l’histoire, donc ? Au contraire. Boeing est en train de mettre la dernière main au successeur du 777, baptisé 777X, avec l’objectif de conserver son leadership sur les gros porteurs. Le nouvel appareil, en phase finale d’assemblage, doit effectuer son vol inaugural dans les prochaines semaines. Il sera équipé du plus gros moteur du monde, le GE9X de GE, dont le diamètre est identique à celui du fuselage du Boeing 737. Il intégrera également des ailes de 72 m de long, soit 8m de plus que le 777 classique. Pour pouvoir faire entrer l’appareil dans les hangars existants, l’extrémité des ailes sera repliable.

Plus de 300 commandes

L’appareil, décliné en deux versions (777-8 de 350 sièges et 777-9 de 400 sièges) et doté de plus de 14.000 km d’autonomie, attaquera de front l’A350 et un super jumbo A380 déjà mal en point. De quoi menacer Airbus ? Le nouvel entrant a en tout cas attaqué fort : de 2013 à 2015, le 777X a décroché plus de 300 commandes, auprès d’un aréopage de clients prestigieux (Emirates, ANA, Lufthansa, Qatar Airways, Cathay Pacific). Depuis, le rythme des ventes s’est ralenti : la dernière commande, 20 777-9 pour Singapore Airlines, date de juin 2017.

Pas de quoi inquiéter le directeur des ventes de Boeing, Ihssane Mounir, qui répète depuis deux ans que la grande vague de commandes est attendue vers 2022-2023. Le 777X, assure le « super vendeur » de Boeing, pourrait alors remplacer à la fois les 777 classiques, les 747 et même les A380. Le 777X empiète en effet sur le marché du super jumbo d’Airbus : sa version 777-9 est capable d’embarquer plus de 425 passagers.

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