Le CAC 40 vient tutoyer les 6500 points à la faveur d’un gain hebdomadaire de 1,5%

La forte accélération des prix à la consommation en avril aux Etats-Unis n’a en rien entravé la marche avant du marché parisien, qui semble désormais acheter le scénario vendu par la Fed d’un sursaut transitoire de l’inflation, comme en témoigne le reflux des rendements obligataires.

Pour trouver trace d’un CAC 40 à 6.484,11 points en clôture, il faut remonter à une époque où France Télécom était la première capitalisation du marché tricolore. Ou, dans un autre registre, au jour où Tony Estanguet a décroché sa médaille d’or en canoë aux JO de Sydney, à savoir le 19 septembre 2000.

Après deux semaines de stagnation, le CAC 40 enregistre une performance hebdomadaire robuste (+1,53%) et se rapproche encore un peu plus du point le plus haut de son histoire, atteint le 4 septembre 2000 à 6.922,33 points en clôture. En reprenant 0,75% ce vendredi, le baromètre du marché parisien n’a plus « que » 6,75% à grappiller pour effacer des tablettes ce record vieux de deux décennies. Un niveau certes symbolique, la version de l’indice parisien dividendes réinvestis -un mode de calcul plus proche de celui du Dax allemand- évoluant déjà à un pic historique.

Comme la veille, les statistiques économiques publiées outre-Atlantique sont venues prêter main forte au pari de reflation et de la poursuite d’une dynamique de forte reprise, note Sebastian Paris Horvitz, directeur de la recherche de La Banque Postale Assset Management.

Dévoilé en début d’après-midi, l’indice des prix de base de la consommation des particuliers hors prix alimentaires et énergétiques (dit « Core PCE »), très surveillé par la Fed, est ressorti à 3,1% en avril, soit son plus haut niveau depuis… 1992, quand le consensus l’attendait légèrement en-deçà des 3%. Dans le sillage de cette publication, les rendements obligataires ont toutefois légèrement accentué leur reflux côté européen tandis que le Bon du Trésor américain à dix ans, orienté à la hausse au préalable, est reparti à la baisse. Signe que les investisseurs se rallient désormais au scénario de la Fed d’une inflation transitoire.

6000 milliards de dollars de dépenses budgétaires aux USA

Les craintes inflationnistes sont également reléguées au second plan par la présentation attendue de Joe Biden de son programme budgétaire. Le président américain devait présenter dans la journée le premier projet de budget fédéral de son administration et les marchés s’attendent à ce qu’il confirme les informations de presse qui lui prêtent l’intention de porter les dépenses publiques à un montant astronomique de 6000 milliards de dollars (près de 5000 milliards d’euros), une perspective jugée favorable aux marchés actions.

L’aéronautique et le luxe en vedette

Comme la veille également, l’aéronautique s’est distingué sur le marché parisien. Airbus Group a ajouté 1,3% à ses 9,2% de gains de jeudi, de même que Safran (+1,3%). L’équipementier Figeac Aero a flambé de 5,2%. Certes, ses revenus ont chuté de 55% lors de l’exercice 2020-2021 (clos en mars), a fait savoir l’entreprise, mais Figeac pense que le point bas est derrière elle. Fort des mesures structurelles de réduction de coûts mises en œuvre rapidement, la société confirme la génération d’un Ebitda courant positif au deuxième semestre de l’exercice écoulé. Lisi, fortement exposé également à la santé de l’industrie aéronautique (le groupe fabrique rivets et écrous qui permettent d’assembler les pièces des jets), a pris 1,6% et côté opérateurs Air France-KLM 2,6%.

Au sein du CAC, la meilleure performance du jour est revenue à Kering (+1,6%, à un nouveau sommet historique proche des 100 milliards d’euros de valorisation), quand l’Oréal a grimpé de 1,5%, ce qui constitue là aussi un record à plus de 200 milliards de capitalisation.

Les investisseurs reviennent aussi sur des valeurs industrielles telles qu’Alstom (+1,4%), sur le secteur financier (+1,6% pour Axa et +1,5% pour Crédit Agricole) ou encore les foncières, avec 1,1% de hausse pour URW.

Parmi les plus petites capitalisations, UV Germi a profité d’un rebond de 22% alors que la société corrézienne spécialiste de la décontamination par ultra-violets -une technologie efficace à plus de 99% sur les pathogènes tels que le coronavirus- a remporté un contrat pour équiper des stations de bus de la ville de Riyad, ainsi que le palais présidentiel d’Abu Dhabi.

Bourse Direct a pris1,4% à l’annonce de l’entrée en discussions exclusives pour prendre le contrôle d’Exoé, qui permettrait au courtier de compléter son offre de service en direction d’investisseurs institutionnels.

Sur un marché des changes peu mouvementé, la parité eurodollar restait stable (+0,01% à 1,2197 dollar vers 18h15). Les cours pétroliers étaient plutôt bien orientés avec une progression de 0,33% du cours du Brent à 69,44 dollars, et de 0,19% à 66,98 dollars pour le brut texan WTI.