Le cours de l’or poursuit sa dégringolade

Le cours de l’or a poursuivi sa chute cette semaine. Ironie du sort – ou mécanisme pervers voire perverti du marché financier mondial – c’est l’annonce de la bonne tenue des indicateurs économiques outre-Atlantique qui cause sa chute.
Une amélioration – certes affichée – de l’économie US devrait entraîner une baisse des injections de liquidité réalisées par la Réserve fédérale américaine, tout en détournant les investisseurs des métaux précieux, leur qualité de valeur refuge étant désormais moins recherchée.

L’once d’or aura ainsi perdu 100 dollars, ce qui, cumulé avec les pertes de la semaine dernière aboutit à un recul de 200 dollars en moins de quinze jours.  A la mi-avril, le cours avait d’ores et déjà perdu 200 dollars en deux jours. Au final à l’heure actuelle, l’once d’or a perdu près de 30% depuis le 1er janvier 2013. Rappelons tout de même que son cours avait atteint des niveaux records en 2011… conduisant même nombre de particuliers à se débarrasser des bijoux de famille, tant l’aubaine était alléchante. Son pic historique avait été en enregistré en septembre 2011 à 1921,15 dollars.

Jeudi, le cours a même franchi à la baisse la barre des 1200 dollars, niveau qui n »avait plus été observé depuis presque trois ans. Pire encore, vendredi, l’once d’or s’échangeait à 1180,50 dollars, ce qui correspond à son plus bas niveau depuis le 3 août 2010.

Désormais, c’est la Réserve fédérale américaine (Fed) qui fait chuter le cours. Enfin, pas l’action de la Fed mais son discours … encore que les paroles peuvent parfois être aussi efficaces que les actes … Le 19 juin dernier, si Ben Bernanke, le patron de la Fed a certes a annoncé que la Banque Centrale maintenait en l’état sa politique de soutien exceptionnel à la reprise économique du pays, il a toutefois laissé entendre qu’un calendrier de retrait progressif des mesures de soutien de la Réserve fédérale américaine à l’économie des États-Unis pourrait prochainement être mis en place. Le patron de la Fed lui-même ayant indiqué il y a plusieurs semaines qu’une telle perspective ne saurait tarder.

La simple évocation d’un basculement de politique en fait frémir plus d’un  :  le 22 mai dernier, 3 000 milliards de dollars étaient partis en fumée sur les places financières, rien qu’à l’idée qu’un tel scénario puisse voir le jour.  Les propos de Bernanke laissant entendre qu’un « resserrement prématuré de la politique monétaire (…) comporterait le risque substantiel de ralentir ou d’arrêter la reprise et causerait un plus fort recul de l’inflation » avaient alors fortement fait reculer les indices boursiers.
Face au contexte actuel, la Fed se dite prête à « accélérer ou réduire » ses achats d’actifs. Tout en réaffirmant qu’elle ne relèvera pas ses taux d’intérêt avant que le taux de chômage soit revenu à 6,5% ou en dessous et à condition que l’inflation demeure inférieure à 2,5%.
Désormais, c’est l’annonce de bons indicateurs qui effraient les investisseurs. Lesquels redoutent chaque jour un peu plus que le seuil au deçà duquel la Fed  inverse sa politique ne soit atteint.
Or, les injections de liquidités prises dans le cadre des mesures de soutien diluent la valeur du billet vert, mécanisme de nature à créer un rebond de l’inflation. L’arrêt d’une telle politique de la Fed diminue à contrario les risques inflationnistes, conduisant les investisseurs à se détourner de l’or, leur priorité n’étant plus de se prémunir d’une hypothétique hausse des prix à la consommation. Qualités offertes par le métal jaune le cas échéant.

Au final, sur le London Bullion Market, l’once d’or a terminé à 1192 dollars au fixing du soir, après avoir atteint 1295,25 dollars en fin de semaine dernière.

Elisabeth Studer – www.leblogfinance.com  – 30 juin 2013


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