Le cours du cacao plombé par offre et spéculation avant les mouvements en Côte d’Ivoire

Le cours du cacao a accentué son repli durant la semaine, chutant même à de nouveaux plus bas inégalés depuis plusieurs années, plombé par une offre surabondante. Les analystes estiment également que le phénomène s’est accru à la faveur de mouvements spéculatifs.

Mardi, les prix sont tombés à Londres à un plus bas depuis fin juillet 2013, la tonne s’échangeant à 1.537 livres sterling. Mercredi, le cours a chuté à New York à son niveau le plus faible depuis fin octobre 2008, s’échangeant à 1.890 dollars la tonne.

Les marchés parient d’ores et déjà sur une production pléthorique. Ils se basent pour ce faire sur des estimations de production pour le moins élevées en ce qui concerne l’Afrique de l’ouest, et particulièrement robustes pour l’Asie du sud-est, cette région se remettant de la période de sécheresse observée l’an passé.

Anticipant une hausse considérable de l’offre de cacao, le marché étant d’ores et déjà prévu en surplus sur la saison 2016-2017 qui s’achève actuellement, les investisseurs sont nombreux à passer à la vente. Pourtant
les données concernant les cargaisons au départ des ports de Côte d’Ivoire, le plus important producteur mondial pourraient remettre en cause la pertinence de telles spéculations.

Certains analystes s’attendent au contraire à ce que les prix bas alimentent une forte demande de cacao, la faiblesse des cours pouvant également inciter certains producteurs à attendre une remontée des cours pour mettre leur production sur le marché.

Confortant leurs propos, les prix se sont quelque peu repris en fin de semaine, dopés en partie par des informations en provenance de Côte d’Ivoire. Des planteurs de cacao ivoiriens ont en effet entamé une grève illimitée depuis mercredi. Ils entendent ainsi protester contre le blocage de leurs fèves et le non respect des contrats signés avec les exportateurs de cacao qui devaient acheter jusqu’à 80% de la récolte de cette année.

Alors que le cours du cacao a chuté de 25% en quatre mois, les agriculteurs n’arrivent plus à vendre et exporter leur production. Des camions débordant de cacao sont bloqués depuis des semaines autour du port  de la capitale ivoirienne et de San pedro, les planteurs observant leurs fèves se dégrader progressivement. Selon les estimations, un tiers des exportations annuelles sont bloquées dans les ports ivoiriens.

Alors que les acheteurs proposent un prix de 600 CFA, l’Etat ivoirien a quant à lui fixé le prix du cacao à 1100 CFA garantis, la situation étant donc en partie causée par une baisse des prix internationaux du cacao et une hausse du prix local. Les producteurs tentent désormais d’obtenir par leur mouvement le déblocage du fonds de réserve, ce qui permettrait selon eux de sauver la campagne.

L’instance officielle de régulation tente de rassurer en affirmant qu’ il n’y a jamais eu de blocage mais un ralentissement dû à un pic de la production. Elle appelle tous les producteurs à dénoncer les intermédiaires qui achèteraient le cacao en dessous de 1100 CFA.

Au final, à Londres, la tonne de cacao pour livraison en mai valait 1.6150 livres sterling vendredi en fin de cotation, contre 1.618 livres sterling en fin de semaine dernière. A New York, la tonne pour livraison en mai valait 2.034 dollars vendredi soir, contre 1.968 dollars vendredi dernier.

Sources : AFP, RFI, bbc

Elisabeth Studer – 19 février 2017 – www.leblogfinance.com

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