Le député socialiste Brottes va prendre la tête de RTE

La rumeur circulait depuis plusieurs mois. Aujourd’hui, c’est désormais officiel, François Brottes va devenir le 1er septembre prochain président du conseil de surveillance de RTE, le gestionnaire du réseau français des lignes à haute tension. Député de l’Isère et président de la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale, Brottes est un spécialiste de l’énergie. Pendant la campagne présidentielle, il fut le principal conseiller de François Hollande sur ces questions.

Agé de 59 ans, ce petit homme rondouillard, souriant et subtil est un pilier du palais Bourbon dont il est élu depuis 1997. A la tête de la commission des affaires économiques, il aimait jouer aux cadors et n’hésitait pas à recadrer les jeunes députés un peu trop impétueux. Pour une question formulée de manière imprécise, Julien Aubert (Les Républicains, Vaucluse) en fit un jour les frais. François Brottes est très à son aise dans les arcanes de l’Assemblée. Ses détracteurs critiquent sa prétendue proximité avec les lobbies de l’énergie et lui reprochent un certain côté manœuvrier. « Je conteste ses méthodes, il use d’habiletés de procédures, avec lui les débats manquent de transparence », dit ainsi Yves Censi (Les Républicains, Aveyron).

Souvent pressenti au poste de ministre de l’Ecologie

Le député de l’Isère a souvent été pressenti au poste de ministre de l’Ecologie. Mais Hollande lui a chaque fois préféré d’autres candidats. D’abord Nicole Bricq. Puis, Delphine Batho, Philippe Martin et enfin Ségolène Royal. « Le président a voulu se rattraper et donner un poste à un fidèle », indique un spécialiste de l’énergie. A l’automne dernier, RTE avait débauché le conseiller énergie de l’Elysée Olivier Lluansi. Un recrutement en forme de leurre. « Dès le début de l’année, le nom de François Brottes circulait », dit notre expert. Au sein de RTE, cette nomination passe mal, car d’autres candidats avaient postulé pour succéder à l’actuel président Dominique Maillard. C’est le cas, notamment, de Philippe Dupuis, directeur financier, Hervé Lafaye, directeur technique, et Pierre-Yves Madignier, secrétaire général.

Au siège de RTE à la tour de La Défense, les dents grincent d’autant plus que la présidence du conseil de surveillance est déjà occupée par un ancien député socialiste, Didier Mathus. « Rien dans les statuts de RTE n’interdit d’avoir au conseil de surveillance et au directoire un député et un ex-député de la même couleur politique », dit un porte-parole du groupe. Cependant, autant en interne qu’en interne, des voix s’élèvent pour mettre fin à cette situation baroque. Didier Mathus, 63 ans, pourrait faire les frais de l’arrivée de François Brottes à RTE.

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