Le ministère de la Défense se penche sur la Russie de Poutine

La Russie de Vladimir Poutine commencerait-elle à inquiéter le ministère de la défense? En tout cas, il vient de sélectionner l’Institut des français des relations internationales (IFRI) pour monter un observatoire du pays et de sa zone d’influence, comme il en existe déjà pour la Turquie, la Chine ou la Corne de l’Afrique. Notre voisin allemand a déjà lui aussi annoncé la création d’un think-tank dédié, qui n’a toutefois pas encore vu le jour. Echaudés par la crise ukrainienne et les velléités croissantes de Vladimir Poutine de peser lors des crises internationales, les pays occidentaux cherchent à combler leurs lacunes en matière d’expertise sur la Russie.

L’objectif de cet observatoire est d’analyser les évolutions politico-stratégiques de la Russie, du Caucase et de l’Europe orientale et d’alimenter ainsi les réflexions des pontes de la Défense. Pendant trois ans, l’IFRI sera chargé d’organiser des tables rondes et de fournir des notes au ministère. Bien sûr, le projet comporte un important volet militaire. L’institut devra évaluer le degré de modernisation de l’armée russe et la soutenabilité économique de l’effort de défense pour l’Etat. Il analysera sa « posture nucléaire » ainsi que l’évolution du rôle joué au sein des cercles de pouvoir par les « siloviki« , les officiers supérieurs issus de l’armée, de la police et du FSB.

Un choix guère surprenant

Mais le champ de l’observatoire est particulièrement large et porte aussi sur la stratégie de puissance de la Russie à l’égard des ex-pays de l’Union soviétique (notamment les conflits avec l’Ukraine et dans le Caucase du Sud), ses relations avec les autres BRICS (Brésil, Inde, Chine et Afrique du Sud) et les pays de l’OTAN. Il est également question de ses « outils d’influence », ses leviers politiques, économiques, médiatiques et énergétiques ainsi que ses réseaux en Europe. Enfin, un volet spécifique concernera l’islam radical et le terrorisme.

Le choix de l’IFRI n’est guère surprenant puisque son directeur général Thomas Gomart est un spécialiste du sujet. Il y a créé le centre Russie/NEI (pour Nouveaux Etats Indépendants), qui rassemble une équipe de chercheurs tous russophones. Elle est désormais pilotée par Tatiana Kastouéva-Jean,  diplômée de l’Université d’État de Ekaterinbourg et du Master franco-russe en relations internationales de Sciences-Po/Mgimo à Moscou.

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