Le port et les transports, priorités de Valls à Marseille

Manuel Valls, en déplacement à Marseille, a annoncé vendredi 29 mai quelque 600 millions d’euros d’investissements publics destinés au port de Marseille et aux transports sur le territoire de la future métropole Marseille-Aix-Provence, au terme d’un « comité interministériel » réunissant neuf ministres dans la cité phocéenne.

Ces financements proviendront du Contrat de Plan Etat-région (CPER) de Provence-Alpes-Côtes d’Azur, a précisé le Premier ministre, qui doit signer ce vendredi cette source de crédits de 1,6 milliard d’euros au total pour 2015-2020.

Les transports sont considérés comme un des gros points faibles de l’agglomération marseillaise, jugée par l’exécutif comme la moins bien pourvue en transports en commun parmi les grandes villes de France.

« L’Etat veut aider Marseille », a fait valoir Manuel Valls dans un discours à la préfecture devant les élus, soulignant que « le système de transport ne répond pas aux besoins de la population ».

120 millions pour l’université

Les annonces du Premier ministre, qui ne relèvent pas de nouveaux financements mais du fléchage des fonds du CPER, viennent s’ajouter à diverses mesures lancées par l’exécutif depuis 2012, notamment par Jean-Marc Ayrault.

Quelque 290 millions d’euros seront tirés du contrat de plan pour des projets ferrés et routiers (déviations routières de Martigues Port-de-Bouc et de Miramas, modernisation de la voie ferrée Marseille-Gardanne-Aix, modernisation de la voie ferrée de la Côte bleue), a indiqué Manuel Valls.

L’Etat abondera également, sur ses propres financements directs, de cinq millions supplémentaires la modernisation de la ligne Marseille-Aix.

Quant au grand port maritime marseillais, il bénéficiera de 300 millions d’euros « afin de renforcer son potentiel de développement » et rivaliser davantage avec les grands ports d’Europe du Nord.

Par ailleurs, 120 millions d’euros du CPER seront attribués pour un « plan campus » universitaire.

Nouvelle métropole

Manuel Valls, flanqué de neuf membres de son gouvernement dont Bernard Cazeneuve (Intérieur) et Najat Vallaud-Belkacem (Education), a dévoilé au total une cinquantaine de mesures, nouvelles ou confirmées, destinées à favoriser l’essor de la future métropole de Marseille Aix-Provence, qui doit voir le jour le 1er janvier 2016.

Cette métropole, dont la création a fait face à de fortes réticences d’élus locaux inquiets de perdre des moyens dans leurs villes, couvrira le territoire de 92 communes avec un total de 1,8 million d’habitants.

Le Premier ministre a notamment confirmé l’attribution, annoncée Jean-Marc Ayrault fin 2013, de 50 millions d’euros de dotations exceptionnelles de l’Etat pour la mise en place de la métropole.

Outre le soutien affiché à deux grands projets locaux (campus international pour la coopération et le développement, Institut Méditerranéen de la Ville et des Territoires…), M. Valls a annoncé quelques « coups de pouce » financiers de l’Etat, dont 1 million d’euros débloqué pour la sécurité de l’hôpital du nord de Marseille.

SNCM: préserver le maximum d’emplois

Le Premier ministre s’est également exprimé sur l’épineux dossier de la SNCM. Une solution concernant la SNCM, sur le sort de laquelle le tribunal de commerce de Marseille doit statuer le 10 juin est « possible » et « peut-être à portée de main », a estimé Manuel Valls. 

« L’objectif constant du gouvernement, dans le dialogue avec l’ensemble des parties, c’est d’assurer la continuité d’une desserte de la Corse et de préserver un maximum d’emplois. J’ai le sentiment – sans vouloir préjuger de la décision que prendra le tribunal de commerce – que cet objectif est possible et peut-être (…) à portée de main », a déclaré devant la presse le Premier ministre.

Manuel Valls a indiqué que des membres de son équipe « rencontreront des délégations de salariés aujourd’hui (vendredi, ndlr) » et a promis de les rencontrer « directement » lui-même et le secrétaire d’Etat aux Transports Alain Vidalies « quand cela sera nécessaire ».

Baja Ferries favori pour la reprise

Début juillet, Manuel Valls avait annoncé sa préférence pour la mise en redressement judiciaire de la compagnie, ce qui avait provoqué la colère des syndicats, lancés dans une grève dure en haute saison touristique.

Après plusieurs mois d’incertitudes, la compagnie a finalement été placée en redressement judiciaire le 28 novembre et le processus de reprise, qui a connu de multiples rebondissements en raison de la complexité du dossier, notamment du point de vue du droit européen, devrait connaître une fin prochaine. Le tribunal de commerce de Marseille a mis en délibéré au 10 juin sa décision sur les trois offres de reprise de la compagnie maritime.

Lors d’une audience à huis clos mercredi, le procureur a marqué sa préférence pour l’offre de Daniel Berrebi, dirigeant de Baja Ferries, tout en ménageant l’offre concurrente du groupe corse Rocca, mais en écartant la troisième, celle de Christian Garin, ancien directeur du port de Marseille.

Dans le meilleur des cas, environ 900 salariés seront repris dans la nouvelle compagnie, sur les 1.500 CDI que compte actuellement la compagnie.

(avec AFP)

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