Le Qatar croit toujours autant en la France

Dommage que tous les investisseurs ne soient pas comme Ahmad Mohammed Al-Sayed, PDG de Qatar Investment Authority (QIA), le fonds souverain de l’émirat du même nom – petit par sa taille géographique, mais considérable par la taille de ses revenus gaziers. « En France, vous avez tout! »,  s’est enthousiasmé ce lundi 20 octobre, ce dirigeant de 38 ans, invité à venir s’exprimer devant une assemblée d’étudiants en économie à l’Université Paris-Dauphine, dans la salle Raymond Aron. Une prise de parole suffisamment rare pour qu’on y prête attention. Surtout au lendemain du deuxième « conseil stratégique de l’attractivité » qui s’est tenu à l’Elysée, et auquel le PDG participait, parmi 24 autres patrons de groupes mondiaux comme Samsung, Volvo ou Nestlé. Contrairement à d’autres, Al-Sayed n’a pas besoin d’être convaincu de rester dans l’Hexagone.

« Chaque jour, nous vous connaissons mieux »

« Nous sommes depuis longtemps présents en France », a rappelé ce représentant de la jeune garde qatarienne, propulsé à la tête du fonds souverain par le nouvel émir, lui aussi trentenaire, cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, à qui son père a laissé les clés du pays en juillet 2013. « C’est une expérience culturelle pour nous, chaque jour nous vous connaissons un peu mieux », a déclaré ce PDG au cursus très international –universités de Doha et de Boston, LSE de Londres, Stern business school de New-York, HEC Paris. Une formule qui pourrait bien être légèrement ironique, compte tenu des polémiques suscitées par certains investissements de QIA ou de ses filiales –football avec le Paris Saint-Germain, télévision avec BeIn Sport, ex-immeuble Virgin des Champs-Elysées. Mais, s’il s’est fait un peu plus discret depuis quelque temps, le fonds du Qatar n’a pas été découragé pour autant. Bien au contraire. 

Ahmad Al-Sayed croit en l’avenir de la France, celle d’hier comme celle d’aujourd’hui. « Après la révolution française, beaucoup de choses ont changé dans toute l’Europe, et nous vous respectons beaucoup pour cela, a-t-il lancé. Aujourd’hui, vous avez le meilleur capital humain, vous êtes une destination touristique, et vous avez tout pour améliorer encore plus votre position dans le monde ».

Cela signifie-t-il que QIA, qui annonçait ce matin l’acquisition de 20% des parts … dans le groupe de distribution de Hong-Kong Lifestyle International Holdings, pour 600 millions de dollars, va reprendre un rythme soutenu d’investissements dans l’Hexagone ?

Vente-privée.com, 1er d’une nouvelle série

Outre de l’immobilier et de l’hôtellerie de luxe (Royal Monceau à Paris, Carlton à Cannes…), QIA détient, en France, des participations dans quelques fleurons du CAC40 ou du SBF120 : il possède notamment 3% de Total, 5% de Veolia, 7% de Vinci, 12% de Lagardère, 5% de Vivendi, et 1% de LVMH. Plus récemment, il a pris une participation « significative » dans le capital de vente-privee.com, la société de Jacques-Antoine Granjon.

« Aujourd’hui nous nous intéressons au e-commerce, c’est un secteur nouveau pour nous », a indiqué Ahmad Al-Sayed. D’autres opérations pourraient intervenir prochainement. « Le marché est aujourd’hui dans une situation très intéressante et pourrait nous offrir des opportunités », a-t-il souligné. Rappelant que le jeune fonds souverain du Qatar – créé en 2005, opérationnel depuis 2006 – « a démarré ses activités internationales en 2008 », c’est-à-dire en pleine crise financière. « Nous avons investi des sommes énormes, à une époque où personne ne voulait le faire », insiste-t-il. On devrait reparler assez vite des investissements du Qatar en France.


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