L’embargo américain sur la Russie entrave la vente d’Arabelle à EDF

L’entreprise russe Rosatom, principal client de GE Steam Power pour l’approvisionnement en turbines destinées à ses centrales nucléaires, suscite des inquiétudes quant à la dépendance française envers cette industrie. Les turbines Arabelle, produites par General Electric (GE), génèrent plus de 50 % du chiffre d’affaires de l’usine de Belfort, voire jusqu’à deux tiers selon certaines sources. Cette situation a incité EDF à négocier une réduction du prix d’acquisition des turbines, estimé à 1,2 milliard de dollars, en raison des risques liés aux contrats avec l’industriel russe.

Cette dépendance met en lumière la précarité de la France vis-à-vis du complexe nucléaire russe. Si les autorités françaises minimisent souvent cette relation, considérant Rosatom comme un client plutôt qu’un fournisseur, certaines sources estiment que la situation est plus complexe. Henri Proglio, ancien PDG d’EDF, a souligné que Rosatom était le principal client des turbines Arabelle utilisées dans ses centrales. En outre, la France est le plus grand importateur de produits de l’industrie nucléaire russe en Europe.

La dépendance française à l’égard de la Russie, et par extension de l’Europe, accroît sa vulnérabilité aux pressions politiques et au chantage russe. Rosatom, tout comme Gazprom, pratique des méthodes monopolistiques, ce qui renforce cette vulnérabilité. De plus, une dépendance excessive envers la Russie, à n’importe quelle étape de la chaîne du combustible nucléaire, pourrait être utilisée par Moscou pour exercer une pression politique et renforcer indirectement son potentiel militaire, étant donné que Rosatom opère également dans le domaine militaire.

Le dossier Arabelle, détenu à 100 % par la France, montre une autre difficulté : l’américanisation de cette filiale depuis son acquisition par General Electric. Cette évolution suscite des inquiétudes quant à la souveraineté nucléaire française, d’autant plus que ces turbines sont destinées à équiper les six nouveaux réacteurs nucléaires EPR français. La décision prise en 2014 d’autoriser la cession de cet équipement nucléaire aux Américains soulève des interrogations sur la souveraineté nucléaire de la France.

Conserver un lien fort avec des partenaires étrangers tout en préservant sa souveraineté est un défi complexe pour la France dans le secteur nucléaire.