L’enseigne de prêt-à-porter féminin Camaïeu demande son placement en redressement judiciaire

Camaïeu s’est déclaré, en cessation de paiement et a demandé mercredi dernier son placement en redressement judiciaire avec plan de continuation auprès du tribunal de commerce de Lille. La justice examinera le dossier cette semaine.

« La demande de Camaieu est motivée par une accélération des difficultés de l’entreprise et plus particulièrement par les conséquences (d’un arrêt de la Cour de Cassation, daté du 30 juin), refusant aux commerçants la baisse des loyers de la période covid « , indique sa direction dans un message adressé à l’Agence France Presse (AFP).

511 des 634 magasins de l’hexagone et 2 600 sur 3 100 salariés avaient été repris voici deux ans par la Financière immobilière de Bordeaux (FIB), détenue par Michel Ohayon. Elle avait confiée en gestion à sa filiale Aciam, l’enseigne de prêt-à-porter féminin basée à Roubaix (Nord) et créée en 1984 par Jean-Pierre Torck, Éric Vandendriessche, Jean Duforest et Dominique Debruyne (tous ex-Mulliez, maison mère d’Auchan). La FIB envisageait alors, grâce à un plan de transformation et « un travail de fond sur la marque et l’offre »,  un équilibre des comptes de l’entreprise en deux ans avec l’objectif de retrouver, dès 2023, le chiffre d’affaires de 2019, celui d’avant la pandémie. Les approvisionnements avaient ainsi été recentrés sur la Turquie et l’Afrique du Nord, l’Asie ne représentant plus que 40% des imports contre 90% avant. En 2021, Camaïeu a réalisé un chiffre d’affaires de 333 M€ (sur seize mois) contre 570 M€ à fin mars 2020 (sur 12 mois) et 620 M€ en 2019.

Non-paiement des loyers

Après sa reprise, l’entreprise a dû affronter des baisses de chiffre d’affaires à cause de la Covid-19 et de la fermeture administrative de ses unités. Elle a même subi, en juin 2021, une cyber-attaque lui empêchant, notamment, de livrer ses boutiques pendant quatre mois et engendrant une perte de 40 M€. Camaïeu ne parvenait plus à payer les loyers de près de la moitié de ses 517 magasins exploités en France. Certains bailleurs de grands centres commerciaux ont accepté des délais de paiements ou des baisses, d’autres sont allés au contentieux.

« Depuis des mois la CGT mène des actions en vue de dénoncer la stratégie de la direction et de l’actionnaire sur le choix de ne plus payer les bailleurs (plusieurs centaines de procédures), la cour de cassation à tranché, les entreprises devront payer« , confirmait Thierry Siwik, délégué du syndicat. De son côté la direction assure que sa demande vise à « préserver la pérennité de l’entreprise ».

L’enseigne nordiste avait déjà été placée en redressement judiciaire fin mai 2020 par le tribunal de commerce de Lille. Confrontés à une dette de près de 250 M€ et face au rejet de son dossier pour obtenir un Prêt garanti par l’Etat (PGE) – lancé pour accompagner les conséquences économiques de la Covid-19 -, ses dirigeants n’avaient pas eu d’autres solutions.

Avant cet épisode, conclu par l’arrivée de la Financière immobilière de Bordeaux aux commandes depuis août 2020, les difficultés de Camaïeu avaient contraint l’enseigne à fermer plus de 800 magasins dans le monde suite à la chute de 95% de son chiffre d’affaires.

En deux ans, la FIB (qui détenait déjà 24 Galeries Lafayette de province) a racheté, via sa filiale Hermione People and Brands (HP&B), la Grande Récré, Gap France, Go Sport et les Cafés Legal.