L’envolée du pétrole ne constitue pas un risque « majeur » pour la consommation américaine, selon Capital Economics

A 125 dollars, le baril de pétrole s’est envolé de plus de 60% depuis le début de l’année. A 139,13 dollars lundi matin, un plus haut depuis la crise financière de 2008, il affichait un bond de près de 80%, dopé par la perspective de pénuries liées à la crise russo-ukrainienne, renforcée par les mesures d’embargo.

Pour le cabinet d’analystes Capital Economics, pas de risque « majeur », pour autant, concernant la consommation américaine, nerf de la guerre de la formation de la richesse du pays. La flambée des prix de l’essence ces derniers jours va, certes, pénaliser le pouvoir d’achat des ménages. Mais les Américains sont capables d’amortir ce choc à court terme en réduisant leur épargne, pense le bureau, qui estime que les prix du pétrole devront encore beaucoup augmenter par rapport aux niveaux actuels pour menacer sérieusement la reprise de la consommation.

Si l’Europe en venait à rejoindre les Etats-Unis dans sa décision d’un embargo sur l’énergie russe, le brut pourrait rapidement grimper à 150 dollars le baril et rester au-dessus de la barre des 100 dollars jusqu’à la fin de l’année, juge Capital Economics. Et, statistiquement, toute hausse de 10 dollars le baril entraîne une augmentation des dépenses des consommateurs en matière d’essence d’environ 35 milliards de dollars en données annualisées, soit 0,2% de point de consommation, qui peut être facilement reportée sur de moindres achats de biens et services.

Les 200 dollars synonymes de possible récession

Avec un pétrole à 125 dollars (par rapport au niveau de 90 dollars qui prévalait à la mi-février), le cabinet calcule que la hausse du brut peut peser à hauteur de 120 milliards sur le pouvoir d’achat des ménages américains en données annualisées, soit un impact de 0,7%. En cas de poussée à 150 dollars, il serait porté à 1,2%. Seul un pétrole à plus de 200 dollars serait susceptible d’entraîner le pays dans la récession.

L’expérience récente suggère que lorsque les prix de l’essence ont tendance à monter, la consommation des ménages, dans sa globalité, évolue assez peu grâce à un ajustement de l’épargne. C’est également vrai à la baisse, souligne encore Capital Economics : « Lorsque les prix de l’essence ont commencé à chuter au second semestre 2014, l’effet d’aubaine ne s’est pas traduit par une hausse de la consommation réelle des Américains, leur épargne ayant quasiment augmenté, dollar pour dollar, proportionnellement à la baisse du carburant. »