Les coursiers à vélo Deliveroo se mobilisent contre la précarisation

Des centaines de coursiers à vélo Deliveroo devaient manifester ce vendredi 11 août à Paris et à Lyon pour dénoncer une modification de leur contrat qui leur ferait perdre, selon eux, 30 à 40% de leurs revenus, ce qui les ferait basculer dans la précarité. « Le procédé employé est d’une brutalité inouïe: un simple appel téléphonique pour annoncer la suppression du contrat avec, pour seule alternative, la ‘liberté’ de partir ou un paiement à la course à hauteur de 5 euros, sans minimum », a déclaré la CGT dans un communiqué.

La société de livraison de repas à vélo, qui compte 7.500 coursiers en France, a confirmé vouloir uniformiser ses contrats, qui proposent une tarification différente entre les prestataires engagés au moment de l’implantation de l’entreprise en France en avril 2015 et ceux engagés après août 2016.

Les contrats les plus anciens offrent un taux horaire de 7,50 euros avec une prime de deux à quatre euros par course. Les plus récents, une tarification unique de cinq euros par course en province et 5,75 euros à Paris, « pour compenser pour le coût de la vie », selon la direction. « Il était normal et plus juste de faire converger les deux contrats dans la mesure où la prestation réalisée était la même. Ça devenait difficile d’expliquer qu’il y ait des tarifications qui fonctionnent selon des modalités différentes », a expliqué Deliveroo à Reuters.

Les livreurs concernés, au nombre de 600, selon l’entreprise, doivent signer un avenant avant le début du mois de septembre ou ne verront pas leur contrat renouvelé.

Une vingtaine de coursiers ont déjà manifesté à Bordeaux contre ce nouveau contrat le 31 juillet. D’autres manifestations sont prévues à Paris et Lyon ce vendredi à 19h00. Pour les syndicats de livreurs, l’uniformisation de la tarification précarise leurs conditions de travail.

« Entre 50 et 60 heures par semaine »

« Avec un tel tarif, il faut travailler entre 50 et 60 heures par semaine pour arriver à gagner les 2.000 euros bruts par mois promis par l’entreprise et encore, ce n’est pas dit qu’on ait de la place sur le planning », a dit à Reuters Arthur Hay, le secrétaire général du syndicat CGT des coursiers à vélo de la Gironde. Les coursiers bénéficiant du taux horaire avec une commission de 4 euros par commande devront « réaliser 7,5 courses par heure pour gagner autant, ce qui est impossible ». 

Jérôme Primot, le cofondateur du collectif des livreurs autonomes de Paris, dit dénoncer une « ubérisation » des livreurs à vélo. « Ils veulent mettre en place un système d’astreinte gratuite. C’est comme au XIXe siècle, avec les mineurs payés à la tête de charbon. On engage un maximum de gens et on les paie de moins en moins », a-t-il dit.

La direction dit comprendre l’inquiétude que peut susciter l’uniformisation des tarifications. Elle ajoute toutefois que ces contrats, qui concernent déjà 6.900 livreurs, « ne sont pas un saut dans le vide ». « Notre tarification est la plus compétitive du marché. Et ce sera gagnant-gagnant avec la croissance de l’entreprise. On veut que les coursiers profitent plus en faisant plus de commandes à l’heure », dit Deliveroo.

L’entreprise londonienne explique qu’en moyenne les coursiers réalisent 3,2 courses par heure, ce qui représente un chiffre d’affaire de 16 euros de l’heure. Arthur Hay dit plutôt réaliser 2,2 courses par heure, soit un total de 11 euros.

(Avec Reuters)

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