Les quatre raisons du ratage de l’Apple Watch

Les résultats de l’Apple Watch déçoivent. Selon Slice Intelligence, les ventes ont chuté de 90% depuis son lancement! En clair, le bouche à oreille des early adopters –les premiers fans– n’a pas convaincu. L’enjeu était pourtant de taille. Quatre ans après la mort de son illustre prédécesseur, Tim Cook s’est enfin jeté à l’eau en lançant l’Apple Watch. Les ventes ont immédiatement connu un pic début avril, et le cabinet Slice Intelligence estimait alors que 2,5 millions de montres avaient été commandées. Il s’en est vendu plus le jour du lancement que de montres Android durant toute l’année 2014 (957.000 contre 720.000)! Hélas, les ventes sont très vite retombées à moins de 10.000 par jour aujourd’hui.

Mais lors de son lancement en 2007, l’iPhone avait lui aussi connu un démarrage assez lent: 270.000 exemplaires au bout de trois mois, contre 169 millions en 2014. L’iPad avait fait un peu mieux avec 3 millions de ventes au bout d’un an (68 en 2014). Les ventes de l’Apple Watch n’inquiètent donc pas encore les analystes américains, mais ceux-ci revoient leurs prévisions à la baisse: KGI anticipe à peine 15 millions de ventes. Les quatre raisons du ratage.

 1. Trop de concurrence

C’est un fait: depuis le début du siècle, les appareils d’Apple sont devenus des références qui se sont imposées. Mais si l’Apple Watch a peut-être phagocyté quelques petites compagnies comme Pebble, elle est loin d’avoir écrasé une concurrence qui a su prendre les devants. Aurait-on pu imaginer que les premières ventes d’iPad aient été moins bonnes que celles d’une tablette Android ou Windows? Du coup, dans les boutiques d’objets connectés enfilables, ou wearable, il y a une offre pléthorique. Les bracelets connectés, par exemple, adaptés aux sportifs, rencontrent davantage de succès et semblent mieux répondre aux besoins des consommateurs.

2. Un gadget inutile?

Comment savoir qu’un objet qui n’existe pas encore va devenir indispensable? iPod, iPhone, iPad étaient inutiles avant d’exister! Trois mois à peine après sa sortie, ne pas savoir à quoi sert l’Apple Watch n’est donc pas anormal. Malgré tout, sa principale utilité, à ce jour, semble être de prévenir son porteur qu’il doit consulter son téléphone. Bon. Ça deviendra peut-être indispensable un jour, mais aujourd’hui, personne n’est prêt à dépenser 500 euros pour ça.

3. Une conception très incomplète

Les premières prises en main publiées par la presse ne sont guère encourageantes. Les critiques ont fusé de partout: le maniement ne serait pas intuitif et demanderait un apprentissage fastidieux. Les premiers ordinateurs demandaient eux aussi beaucoup de patience… mais pour la montre, c’est une autre affaire. Ses performances sont insuffisantes et elle manque cruellement d’applications. Là encore, on peut espérer que les développeurs n’ont pas encore dit leur dernier mot. Mais à ce jour, il n’y a pas de killer app, celle qui en fera un objet indispensable.

4. Un produit boudé par les people

Le coup est dur. L’Apple Watch n’est pas suspendue aux poignées des people. Karl Lagerfeld, George Clooney ou Inès de la Fressange n’ont pas encore intégré la montre connectée dans leur panoplie. Pas plus que les rappeurs ou les musiciens. Contrairement aux précédents produits du constructeur, l’Apple Watch n’est pas tendance. Mais si l’Apple Watch était un échec, ce ne serait évidemment pas la fin d’Apple. La firme ne manque pas de projets. Un exemple? Jeff Williams, son chef du développement, a une suggestion: «La voiture est l’ultime appareil mobile, non?»

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