Les raisons de l’éviction du patron de Saur

Brutalement débarqué de la direction de Saur mercredi 18 décembre, comme l’a annoncé Challenges, Louis-Roch Burgard, 50 ans, paye les échecs commerciaux récents de la société spécialisée dans la distribution d’eau. Depuis son arrivée en 2017, Saur a en effet perdu son contrat historique de la ville de Nîmes, face à Veolia, mais aussi celui de la Martinique, emporté par Suze. Ce dernier groupe a également gagné, avec sa maison mère Engie, un important appel d’offres à Angers, touchant à la « ville intelligente », là aussi face à une offre de Saur, allié à Vinci. Quant aux ambitions internationales affichées dans son plan à horizon 2022, avec un triplement du chiffre d’affaires en Arabie saoudite, il n’a pour l’heure pas été couronné de succès.

Un an après son entrée au capital de Saur, en décembre 2018, le fonds d’investissement EQT, a donc estimé que le compte n’y était pas et décidé, à l’issue d’un conseil de surveillance, de se séparer de Louis-Roch Burgard. Mais la société d’origine suédoise, créée par la famille Wallenberg, signe aussi par cette décision une forme d’échec : Saur constituait son premier investissement en France et le fonds souhaitait en faire sa vitrine en vue d’autres acquisitions.

Un million d’euros de prime envolé en fumée

Louis-Roch Burgard, énarque et inspecteur des finances, s’était positionné pour participer à cette aventure, puisqu’il avait défendu la candidature d’EQT face aux banques créancières de Saur, emportant notamment l’adhésion de BNP Paribas. D’après nos informations, il avait obtenu en retour, à l’arrivée d’EQT, la promesse d’une prime de 2,5 millions d’euros destinée à l’ensemble de son comité exécutif. La moitié environ de cette somme lui serait revenue personnellement. A une condition toutefois : qu’il soit encore en fonction en 2020. Avec son départ, c’est donc un chèque de plus d’un million d’euros qui échappe à Louis-Roch Burgard. Contacté, le service de presse de Saur n’a pas répondu à nos sollicitations.

Ces soubresauts et changements d’équipes ont atteint le moral des troupes, chez Saur. Un baromètre interne, dont Challenges a obtenu copie, souligne ainsi que de nombreux indicateurs sont passés au rouge : 38% des personnes ayant participé à l’exercice espèrent ainsi quitter le groupe dans les cinq ans à venir – contre un taux de 25% relevé un an plus tôt. La confiance dans la « gestion responsable des ressources humaines » s’est, elle, effondrée de près de 30 points, à 45%.

Quel successeur ?

Le successeur de Louis-Roch Burgard aura donc du pain sur la planche. Son nom n’est pas encore connu. Viendra-t-il de l’état-major de Saur, qui venait d’être remanié à l’automne ? A cette occasion, Patrick Bléthon, 52 ans, ancien de la société multinationale Otis, avait été propulsé numéro deux du groupe. Pour l’heure, à titre provisoire, Jean-François Cirelli, président de BlackRock en France et ancien dirigeant de GDF, membre du conseil de surveillance de Saur, assure l’intérim.

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