Les refractaires du compteur Linky devront passer à la caisse

Officiellement, le déploiement des compteurs Linky en France s’est achevé fin 2021. Dans les faits, il subsiste encore 3,8 millions d’anciens compteurs électriques, autour de 10 % du nombre de compteurs au total. À partir du 1er janvier 2023, Enedis facturera à ces clients récalcitrants les relevés opérés par des techniciens, pour un montant annuel de 61 euros, soit autour de 5 euros par mois.

Mais il existe une échappatoire pour ces derniers : pendant deux ans, jusqu’à fin 2024, les clients pourront faire les relevés eux-mêmes, au moins une fois par an. Auquel cas, aucun frais supplémentaire ne leur sera facturé. Par ailleurs, « il n’y aura aucun relevé par un technicien d’Enedis si le client a réalisé son auto-relève », confirme Enedis.

Ce n’est définitivement qu’à partir de 2025 qu’Enedis va resserrer les boulons. « Il est prévu de faire supporter les coûts globaux engendrés par la relève des derniers compteurs ancienne génération aux seuls clients générant ces coûts », explique le gestionnaire du réseau, anciennement ERDF.

Autrement dit, les dépenses engagées pour relancer les clients pour la transmission de leurs index, les évolutions du système informatique, ainsi que la réalisation de contrôles par un technicien.

Les clients ne pourront donc pas échapper aux 61 € facturés annuellement, voire davantage si la Commission de Régulation d’Energie vote une tarification plus sévère d’ici-là.

« Notre propriétaire refuse l’installation »

Lancé en 2015, le compteur communicant Linky a été déployé dans plus de 35 millions de foyers en France, non sans susciter des débats autour de sa fiabilité, de son coût ou des questions relatives à la vie privée. « Pour les 3,8 millions de foyers qui ne sont pas encore équipés, les raisons peuvent être liées à des difficultés de contact, notamment dans le cadre des résidences secondaires, à des problèmes techniques, ou à des clients exprimant des réticences à l’installation du compteur », explique un porte-parole d’Enedis.

Pour Arthus et Nicolas, un couple de vingtenaires parisiens qui croulent sous les appels et les visites de prestataires tentant en vain de remplacer leur vieux compteur magnétique par un Linky flambant neuf, les raisons sont tout autres. »Nous continuons de conserver notre ancien compteur car il nous permet de tricher et de mettre en pause le comptage de notre consommation », avouent-ils, ce qui est beaucoup moins aisé avec les compteurs Linky, bien davantage sécurisés.

Mais comme beaucoup d’autres locataires, Arthus et Nicolas sont aussi tacitement contraints de se plier à la volonté de leur propriétaire réticent. « Il nous a toujours dit de refuser l’installation, sans vraiment nous donner de raisons. »

Or, ce sont bien les locataires qui payent les factures d’électricité, et qui devront donc prendre à leur charge le coût des relevés à partir de 2023 et surtout 2025. Et si, légalement, le propriétaire n’a aucunement le droit de refuser le remplacement de son compteur, – qui appartient à Enedis -, difficile pour un locataire d’aller à l’encontre de son choix.