Les survaleurs de SFR menacent les comptes de Vivendi

La consolidation des résultats 2012 de Vivendi promet quelques maux de têtes aux commissaires aux comptes du groupe de médias et de télécommunications. Comme à chaque fin d’exercice, la société examinera la valeur des écarts d’acquisitions de ses unités génératrices de trésorerie, en particulier celle de SFR, sa principale filiale, dont les résultats sont fortement amputés par la nouvelle concurrence de Free dans la téléphonie mobile.
Conformément aux règles comptables, le groupe doit s’assurer que la valeur recouvrable de l’actif en question est supérieure à sa valeur comptable. Un exercice obligatoire mais périlleux, notamment en période de crise comme actuellement. Car en cas de nette différence entre les deux valeurs, l’écart d’acquisition doit être déprécié ce qui entraîne une perte comptable, certes sans effet sur la trésorerie, mais une perte tout de même.
L’an dernier, Vivendi et ses commissaires aux comptes n’avaient pas jugé bon de déprécier les écarts d’acquisitions de SFR. Seul Canal + avait conduit à une dépréciation de 380 millions d’euros. Le groupe venait quelques mois auparavant de mettre la main sur les 44% du capital de SFR détenu par Vodafone pour 7,75 milliards d’euros et une dépréciation aurait été précipitée. Elle aurait démontré en prime que le prix payé pour détenir 100% de cette filiale était excessif. Fin juin 2012, Vivendi avait également estimé que la valeur recouvrable excédait la valeur comptable.
Mais depuis, la dégradation continue du marché français des télécoms et des performances de SFR militent pour une révision des écarts d’acquisitions. Vodafone vient par exemple de passer une perte de dépréciation de 5,9 milliards de livres (7,3 milliards d’euros) pour tenir compte de la dégradation du marché en Espagne et en Italie, réduisant ainsi d’environ 25% la valeur de ses deux filiales.
Dans les livres de Vivendi, la valeur comptable de SFR est inscrite à 18,7 milliards d’euros. Les écarts d’acquisitions liés à SFR s’élèvent à 9,1 milliards d’euros, soit un peu plus du tiers des 25 milliards d’euros de survaleurs inscrits à l’actif de Vivendi. Or, dans le contexte actuel, la valeur recouvrable de SFR est nécessairement inférieure à cette valeur comptable. Les analystes les plus optimistes valorisent aujourd’hui la filiale de télécoms de Vivendi à 15 milliards d’euros.