L'horizon économique de la zone euro s'assombrit selon la BCE

La Banque centrale européenne a estimé jeudi que les risques pesant sur la conjoncture en zone euro avaient augmenté, un signe codifié mais très net de pessimisme accru, selon le président de l’institut Mario Draghi.

La BCE, qui jugeait jusqu’à présent ces risques « équilibrés », a justifié son changement de discours par la persistance d’« incertitudes géopolitiques », la « menace protectionniste », les « fragilités sur les marchés émergents et la volatilité des marchés financiers ».

Mario Draghi a par ailleurs souligné que les derniers indicateurs économiques « continuaient à être plus faibles que prévu », ce qui pèse sur les perspectives de croissance « à court terme ». Le banquier italien a attribué cette faiblesse persistante au « ralentissement de la demande extérieure », tout en jugeant rassurants « l’état du marché du travail, les conditions favorables de financement et la hausse des salaires ».

« Nous avons été unanimes pour reconnaître l’essoufflement de la dynamique et modifier l’évaluation des risques pesant sur la croissance », a précisé le patron de la BCE. Néanmoins, les membres du Conseil des gouverneurs ont jugé avec la même unanimité que le « risque de récession » demeurait « faible », a-t-il ajouté, affichant sa confiance dans un rebond de l’économie.

Stagnation de l’activité

La réunion de politique monétaire de l’institut de Francfort a coïncidé jeudi, fait rare, avec la publication de l’indice PMI mesurant la croissance de l’activité privée en zone euro. Or cet indicateur très suivi est ressorti à 50,7 points en janvier, soit proche des 50 points synonymes de stagnation de l’activité, son plus bas niveau depuis juillet 2013.

Ce nouveau signe de ralentissement « rend probable un abaissement des prévisions macroéconomiques de la BCE lors de leur prochaine réunion en mars », estime Andrew Kenningham, analyste chez Capital Economics. Pour lui, le niveau de croissance attendu cette année par l’institut en zone euro, soit 1,7%, se « distingue désormais par son optimisme » et n’intègre pas la morosité actuelle de l’industrie.

Par ailleurs, ce coup de mou rend « peu probable » une évolution de l’inflation « compatible avec l’objectif de la BCE », juge Andrew Kenningham, ce qui devrait contraindre l’institut à laisser ses taux au plus bas « bien plus longtemps » que prévu. Pour l’heure, la BCE se contente de répéter que ses taux directeurs resteront inchangés « au moins jusqu’à l’été », mais la plupart des analystes parient sur un statu quo prolongé jusqu’en 2020.

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