Libye: l'exportation de pétrole par les autorités parallèles serait « illégale »

La compagnie nationale de pétrole (NOC) basée à Tripoli a fustigé mardi la décision de l’homme fort de l’est libyen de remettre les principaux terminaux pétroliers du pays aux autorités parallèles, en soulignant que toute exportation de leur part serait « illégale ».

« Les exportations par des institutions parallèles sont illégales et échoueront comme elles ont échoué par le passé », a clamé dans un communiqué Mustafa Sanallah, le patron de la NOC, en réaction à la décision du maréchal Khalifa Haftar.

Les installations pétrolières et gazières en Libye (AFP - Kun Tian, Gillian HANDYSIDE)

Les installations pétrolières et gazières en Libye (AFP – Kun Tian, Gillian HANDYSIDE)

« Les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU sont très claires: les installations pétrolières, la production et les exportations doivent demeurer sous le contrôle exclusif de la NOC (de Tripoli) et sous la seule supervision du gouvernement d’union nationale » (GNA), reconnu par la communauté internationale.

Le patron de la compagnie nationale libyenne a mis la communauté internationale et les acteurs du marché pétrolier devant leurs responsabilités.

« Nous sommes confiants que le GNA et nos partenaires internationaux prendront les mesures nécessaires pour bloquer toutes les exportations en violation du droit international », a-t-il avancé.

LA « NOC met en garde les entreprises contre la conclusion de contrats d’achat de pétrole auprès d’institutions parallèles. Ils ne seront pas honorés et la NOC intentera une action en justice contre eux », a ajouté M. Sanallah.

La Libye exporte du pétrole partout dans le monde, en particulier en Europe. Les Etats-Unis et la Chine figurent aussi parmi les clients les plus fidèles.

Le maréchal Haftar a annoncé lundi que les installations pétrolières sous contrôle de ses forces en Libye seraient désormais gérées par les autorités parallèles, basées dans l’est du pays et hostiles au GNA.

Le maréchal Khalifa Haftar, le 7 mai 2018 à Benghazi en Libye (AFP/Archives - Abdullah DOMA)

Le maréchal Khalifa Haftar, le 7 mai 2018 à Benghazi en Libye (AFP/Archives – Abdullah DOMA)

Pour justifier cette décision controversée, son porte-parole, Ahmed al-Mesmari, a affirmé que des groupes armés rivaux et « terroristes » étaient « financés par les revenus du pétrole ». Il faisait allusion aux forces d’Ibrahim Jadhran, qui ont attaqué le 14 juin les terminaux de Ras Lanouf et d’al-Sedra.

M. Jadhran commandait les Gardes des installations pétrolières (GIP) chargés de la sécurité du Croissant pétrolier. Il avait réussi à bloquer les exportations de pétrole de cette région pendant deux ans avant d’en être chassé en 2016 par l’ANL.

L’ANL du maréchal Haftar « se comporte comme le criminel Ibrahim Jadhran et devrait être condamnée par la communauté internationale et le peuple libyen », a argué le patron de la NOC.

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