L’immigration, ça coûte ou ça rapporte?

C’est un déplacement hautement symbolique. François Hollande inaugure ce lundi 15 novembre le Musée de l’histoire de l’immigration. Une façon pour le président d’envoyer un message à son aile gauche, en fronde contre la loi Macron sur l’activité économique. Son grand rival, Nicolas Sarkozy, tout nouveau président de l’UMP, avait lui refusé lorsqu’il était chef de l’Etat de soutenir le projet.

Impact fiscal limité

Ce clivage entre la droite et la gauche s’articule autour de la délicate question : l’immigration, quel coût pour l’Etat français? L’OCDE, dans un rapport de 2013, a apporté quelques réponses. Dans les 34 pays étudiés, l’impact fiscal des immigrés est limité: il n’excède « pas 0,5% du produit intérieur brut (PIB), qu’il soit positif ou négatif ». Et Jean-Christophe Dumont, chef de la division migration de l’organisation, précise: « Globalement, les immigrés contribuent de manière positive aux finances publiques en payant plus d’impôts et de cotisations sociales qu’en percevant des aides. »

Poids des retraites

Mais ce n’est pas le cas en France. Avec l’Allemagne et la Pologne, l’Hexagone fait figure de contre-exemple. Selon l’OCDE, 1 immigré a coûté à l’Etat 1.450 euros en moyenne par an entre 2007 et 2009. Soit une contribution négative pour la France évaluée à 0,52% du PIB. Ce résultat s’explique par la pyramide des âges de la population immigrée en France. Le poids des retraites versées par l’Etat aux immigrés arrivés dans les années 1960-1970 est plus important que la contribution fiscale des immigrés actifs. Et les salaires des immigrés étant moins élevés que ceux des Français, cela fait mécaniquement chuter le montant des impôts et cotisations sociales qu’ils versent.

Une autre étude nuance les conclusions de l’OCDE. En 2010, le chercheur Xavier Chojnicki, dans un rapport commandé par le gouvernement de l’époque, avait estimé que « la contribution nette globale de l’immigration au budget de l’Etat serait ainsi positive, et de l’ordre de 12 milliards d’euros pour 2005; 1 immigré aurait effectué en moyenne un paiement net de l’ordre de 2.250 euros contre un peu plus de 1.500 euros pour un autochtone. » Au final, cet économiste conclut que l’Etat verse 68,4 milliards de prestations aux immigrés mais reçoit 72,026 milliards de cotisations payées par les étrangers.

Forts risques de chômage

Reste qu’avec la crise, les immigrés sont plus exposés au chômage. Ils ont plus d’un risque sur deux (55,8%), selon des calculs d’Eurostat datant de 2013, d’être pauvres ou en situation d’exclusion sociale.De quoi infirmer l’idée, en vogue dans les rangs de l’UMP et du FN, que les immigrés profitent du système d’aides sociales.

D’autant que de nombreuses prestations sociales sont soumises à une obligation de présence d’au moins 5 ans sur le territoire français. Et qu’elles n’ont pas eu tendance à augmenter ces dix dernières années. C’est le cas, par exemple, du RSA « socle », anciennement RMI, qui a été octroyé en 2011 selon la CAF à quelque 209.000 immigrés, soit 13,2% du nombre de bénéficiaires. Presque 10 ans plus tôt en 2004, la part des étrangers extra-communautaires percevant le RMI, puis le RSA socle, était quasi identique, à 13,3%…

Par Florian Fayolle pour ChallengeSoir

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