L’ouverture de nouvelles lignes LGV embarrasse la SNCF

Le feu vert accordé samedi par le gouvernement à la réalisation des lignes à grande vitesse (LGV) Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax n’a certainement pas fait plaisir à Guillaume Pepy. Déjà engagé dans un bras de fer avec Vinci – le concessionnaire de la LGV Tours-Bordeaux qui doit mettre en 2017  la capitale du sud-ouest à 2H10 de Paris, le patron de la SNCF s’est toujours dit incapable de rentabiliser toutes ces nouvelles lignes.

En cause : la marge opérationnelle du TGV qui décline sous le double impact de la hausse des péages (+7% par an depuis dix ans) et la multiplication des petits prix offerts par le transporteur pour contrer la concurrence des Blablacar et autres modes de transporteurs alternatifs. « Avec une marge de 10,4% en 2014 (contre 18% en 2007) le TGV n’est plus en mesure d’assurer la rentabilité des capitaux investis ni les financements futurs » fait-on valoir au sein du groupe. Or cette situation ne risque pas de s’améliorer avec l’ouverture de la ligne Tours-Bordeaux qui fera inévitablement augmenter l’ardoise des péages (3 milliards d’euros à débourser par an) à régler par la SNCF.

Vers une nouvelle dépréciation du parc TGV?

D’où son refus actuel de signer un plan de desserte pour 2017 de plus de 13 allers-retours quotidiens directs entre Paris et Bordeaux alors que les élus en Aquitaine, Alain Juppé en tête, en réclament au moins 19 ! « On va déjà éponger une perte récurrente annuelle de 150 à 200 millions d’euros sur cette ligne, expliquait récemment un cadre du groupe, ce sera encore pire si on doit aller jusqu’à Dax ! ».

Ce n’est d’ailleurs pas tout à fait un simple hasard de calendrier si la SNCF a fait publier, vendredi, un communiqué financier laissant entendre qu’elle pourrait de nouveau inscrire à son bilan en 2015 une nouvelle dépréciation de son parc de TGV à hauteur de 2,5 milliards d’euros. Le chiffre est énorme, même s’il ne s’agit que d’une simple écriture comptable qui n’engendre pas de sortie de cash. C’est surtout un signal fort qui risque de plonger les comptes de la compagnie ferroviaire dans le rouge en 2015. En 2013, la SNCF avait déjà déprécié la valeur de son parc de 400 TGV à hauteur de 1,4 milliard d’euros, invoquant les même raisons. Rien n’est encore fait cependant. L’entreprise, en pleine négociation avec l’Etat attend des arbitrages sur le montant des investissements et des futurs péages ferroviaires qui doivent être négocié dans le cadre de la réforme ferroviaire.

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