Macron, une synthèse de la gauche et de la droite… qui plait aux Français

Ce ministre de l’Economie est un puzzle à lui seul.

1. Socialiste et militant du PS depuis l’adolescence, de nombreux « camarades », y compris parmi les élus et les apparatchiks en chef, lui dénient la qualité d’homme de gauche. Emmanuel Macron ne serait pas des leurs, n’appartiendrait pas au « camp de la justice » de façon quasi organique. Un délit de classe? Même pas, il est extrait d’une famille petite bourgeoise comme la plupart de ses contempteurs. Un délit de sale gueule alors -trop lisse, trop propre sur lui, trop diplômé-? Nous n’oserions l’imaginer tant ce serait déplacé, de mauvais goût.

2. On peut admettre, et c’est même souhaitable, que ses adversaires de l’intérieur combattent le représentant d’un social libéralisme selon eux échevelé. Mais idée contre idée, argument contre argument, proposition contre proposition. Débat légitime qui renforcerait la majorité et ses analyses, seraient-elles contradictoires.

Une profession maudite

Or face à Macron, la gauche de la gauche se contente pour l’essentiel de le diaboliser. Comment? En négligeant son histoire, son parcours, ses engagements, sa fidélité d’adolescent à la gauche et en ne retenant, à sa décharge bien sur, qu’ un seul et unique élément de sa biographie: non pas par exemple qu’il fut à une époque le secrétaire du grand philosophe chrétien Paul Ricoeur- c’eût été trop cohérent avec un itinéraire- mais qu’il exerça deux ans la profession de…banquier. La profession maudite! Et, circonstance aggravante, il mît son intelligence aux services de la banque Rothschild. Rothschild ou le symbole parfait du capitalisme mondialisé. L’horreur! L’enfant du nord dans l’antre du cosmopolitisme. Insupportable dans l’esprit (étroit) de quelques camarades d’importance. La danse anti-Macron se porte donc bien.

3. Paradoxalement, le ministre de l’économie utilise à son profit les complexes et les travers de la droite. Il n’existe aucune (bonne) raison qui devrait empêcher en conscience les députés UMP et UDI d’approuver à l’Assemblée nationale les textes Macron. Aucune, si ce n’est l’opposition bornée, sectaire, privilégiant l’intérêt du parti à celui du pays, bref la caricature des travers de la 5ème République. Voilà qui, en réalité, arrange le pourchassé de la gauche. Que n’aurait-il entendu si, de surcroît, la droite s’était mise en tête de le soutenir? Quelles avanies nouvelles lui serait-il advenu?

4. Confrontées au cas Macron, un pan de la gauche et la droite toute entière découvrent une difficulté à laquelle elles ne s’attendaient pas: la popularité du ministre de l’Economie dans l’opinion publique, toutes sensibilités confondues. Voilà qui est gênant pour la gauche anti-Macron. Cette cote positive induit que la gauche de la gauche n’est pas toujours suivi par ses propres sympathisants. La preuve par Macron.

Cela ne nous désespère pas tout à fait…


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