Malakoff Mederic /assurance retraite : du public au privé à la plus grande joie de la famille Sarkozy ?

Souvenez-vous … C’était en octobre 2010 … Alors qu’une bonne partie de la France était dans la rue pour s’insurger contre le passage de l’âge minimum de la retraite à 62 ans … les flashs publicitaires diffusés à l’heure des plus grandes écoutes nous vantaient les mérites de la société Malakoff Mederic.

Cela avait au moins le mérite d’être clair : quand Sarkozy – Nicolas – faisait « frissonner » à sa manière les Français en laissant craindre qu’ils devront travailler plus – longtemps – pour avoir une retraite décente, Sarkozy – Guillaume – tentait de récupérer l’argent qu’il nous reste … pour que nous le placions dans sa société, laquelle – oh coïncidence – vend de l’épargne retraite … Le monde est parfois si petit ….

Rappelons à toutes fins utiles qu’à cette date, Aviva, sixième assureur mondial, estimait que les 27 pays de l’Union Européenne devraient trouver 1.900 milliards d’euros pour assurer une « retraite décente » à ses citoyens qui prendront leur retraite entre 2011 et 2051. Dont 243 milliards pour la France. Selon ladite société, le Français moyen devrait épargner 8 000 euros par an pour compléter sa retraite future.

Mais comme souvent, le malheur des uns pourrait faire le bonheur des autres et plus particulièrement des assureurs.

En effet, quelques amendements intégrés discrètement dans le texte de la nouvelle loi sur les retraites allaient permettre de développer les « plans d’épargne collectifs pour la retraite » (PERCO) et les « plans d’épargne-retraite populaire » (PERP).

Une manière comme une autre – ou presque – de transférer des fonds du système par répartition vers la capitalisation individuelle… et une opportunité, pour les assureurs, qui multiplient les offres d’assurance retraite par capitalisation.

Or, c’est fort opportunément, qu’à cette période, le groupe Malakoff-Mederic, dont le PDG, Guillaume Sarkozy, n’est autre que le frère de Nicolas … a lancé son offre PERCO.

A noter que l’abondement, la participation et l’intéressement sont déductibles du bénéfice imposable des sociétés … et exonérés de charges sociales …. En terme clair, la France glissait alors ainsi d’un financement collectif et public des retraites vers un mécanisme privé et individuel ….

Se voulant encore plus direct sur l’implication de la famille de Sarkozy sur le dossier, le site d’information Médiapart affirmait en octobre 2010 que la réforme des retraites pourrait favoriser les intérêts du groupe Malakoff Médéric, dont le délégué général n’est autre que Guillaume Sarkozy, le frère du chef de l’Etat.

Médiapart estimait alors que la réforme allait «  conduire à l’asphyxie financière des grands régimes par répartition » et serait donc « propice à l’éclosion de ces grands fonds de pension qui n’étaient pas encore parvenus à s’acclimater en France, à quelques rares exceptions près ». Parmi les opérateurs privés d’ores et déjà sur les rangs, figure le groupe Malakoff Médéric.

« Il ne s’agit pas que d’une coïncidence. Mais bien plutôt d’une stratégie concertée en famille », écrivait alors Médiapart, ajoutant : « l’un assèche les régimes par répartition tandis que l’autre pose les fondements du système par capitalisation ».

Le site poursuivait : « Guillaume Sarkozy a engagé son entreprise dans une politique visant à en faire un acteur majeur de la retraite complémentaire privée. Et il a trouvé des alliés autrement plus puissants que lui, en l’occurrence la Caisse des dépôts et consignations (CDC), le bras armé financier de l’Etat, et sa filiale la Caisse nationale de prévoyance (CNP). Ensemble, tous ces partenaires vont créer, le 1er janvier prochain, une société commune qui rêve de rafler une bonne part du marché qui se profile. »

« Cette société n’aurait jamais vu le jour sans l’appui de l’Elysée », martelait alors Médiapart. Rappelant que la Caisse des dépôts et consignations est une institution publique présidée par un parlementaire. Pour sa part, la Caisse nationale de prévoyance (CNP) est une filiale de la Caisse des dépôts et consignations, de la Banque postale et du groupe Caisses d’Epargne, lui-même alors présidé par François Pérol, ancien secrétaire général adjoint de l’Elysée.

En outre, la Caisse des dépôts gère le Fonds de réserve des retraites.

« Pourquoi la CDC se lance-t-elle dans pareille aventure pour faire le jeu du système adverse, celui par capitalisation? », se demandait alors Médiapart. Ajoutant : « et pourquoi, de surcroît, le faire avec une entreprise dont le patron est le frère du chef de l’Etat? »

Les medias précisaient parallèlement que le marché pourrait représenter « 40 à 100 milliards d’euros ». En fonction de l’aspect final de la réforme, les Français devraient connaître une baisse plus ou moins considérable du taux de remplacement, c’est-à-dire du montant de la pension rapporté au salaire, et donc devraient se précipiter sur les systèmes de retraite complémentaire …

Médiapart publiait alors un « business plan » confidentiel de Malakoff Mederic, qui fixait pour objectif une part de marché de « 17% » d’ici 2020.

Sources : AFP, Mediapart, Nouvelobs.com

Elisabeth Studer – 4 juillet 2014 – www.leblogfinance.com

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