Marché européen de l’électricité : Epex Spot et NPS nommés opérateurs des marchés pour la France

Annonce de la plus haute importance publiée en fin de journée un vendredi soir … La Commission de régulation de l’énergie (CRE) a achevé vendredi une étape cruciale dans la construction d’un marché européen de l’électricité unifié. Elle a ainsi désigné deux entités qui seront chargées en France du couplage des marchés de l’électricité : les deux Bourses paneuropéennes Epex Spot et Nord Pool Spot (NPS).

Précisons que le couplage des marchés – lequel concerne actuellement 19 pays européens – permet d’optimiser les échanges de courant d’un pays à l’autre via les interconnexions et d’harmoniser les prix de gros de l’électricité en Europe.

Si à l’heure actuelle, des Bourses européennes de l’électricité permettent d’acheter et de vendre du courant du jour pour le lendemain, l’Union européenne veut rendre ce mécanisme plus fluide et plus efficace, afin de garantir la sécurité d’approvisionnement électrique de ses membres.

Dans ce but, et conformément à un règlement européen du 24 juillet 2015, la Commission de régulation de l’énergie avait lancé dès le mois d’août un appel à candidatures pour désigner les futurs opérateurs des marchés journalier et infrajournalier pour la France (NEMO). Désormais Epex Spot et NSP auront pour rôle d’assurer, en coopération avec le gestionnaires du réseau de transport d’électricité RTE, le couplage journalier et infrajournalier. Les deux acteurs – désignés pour 4 ans – devront notamment réceptionner les ordres d’achat et de vente émis par les acteurs du marché, allouer ces ordres et publier les prix issus des transactions. La CRE devra étudier de nouvelles candidatures potentielles au moins une fois par an.

Précisons qu’Epex Spot est détenu à 51% par le groupe boursier European Energy Exchange et à 49% par des gestionnaires de réseaux de transport. NPS est quant à lui détenu exclusivement par des gestionnaires de réseaux de transport.

En octobre 2014, la plateforme boursière allemande European Energy Exchange, détenue en majorité par Deutsche Börse  avait annoncé qu’elle allait prendre 55,8% du français Powernext, par le biais d’un échange de participations. L’acquisition a par la suite été réalisée le 1er janvier 2015 après avoir reçu les autorisations nécessaires. Les deux sociétés coopéraient d’ores et déjà dans les secteurs du gaz et de l’électricité depuis 2008. Dans le cadre de cet accord, EEX aura ainsi vendu 36,7% de sa participation de 50% dans EPEX Spot à HGRT, un consortium qui détient un intérêt majoritaire dans Powernext. En échange, EEX recevait a participation de 53% de HGRT dans Powernext. HGRT est un consortium composé des opérateurs de réseaux de transport d’électricité RTE, Elia et TenneT. EEX devenait ainsi indirectement, un actionnaire majoritaire d’EPEX Spot.

A noter par ailleurs que les résultats de la délibération de la Commission de Régulation de l’Energie sont publiées alors que le régulateur français de l’énergie a annoncé lundi que la nouvelle interconnexion entre la France et l’Espagne, censée doubler la capacité d’échange d’électricité entre les deux pays, ne sera pas en mesure de fonctionner pleinement en 2016 en raison de contraintes sur le réseau électrique outre-Pyrénées.

La ligne électrique souterraine, inaugurée en février par les Premiers ministres français et espagnol après trois ans de travaux, devait porter les capacités d’interconnexion à 2.800 mégawatts (MW), avec l’objectif de sécuriser l’approvisionnement électrique des deux pays. Mais les capacités moyennes envisagées pour 2016 se voient limitées à environ 2.000 MW en raison de contraintes sur le réseau espagnol.
Le CRE indique dans un communiqué que la mise en service d’un transformateur-déphaseur pourtant nécessaire à l’utilisation à pleine capacité des interconnexions ne sera réalisée qu’en 2017 tandis que le renforcement du réseau espagnol en aval de la nouvelle ligne n’a pas été réalisé selon le schéma prévu initialement.
Une situation que déplore la Commission de régulation de l’énergie, laquelle estime qu’elle réduit les bénéfices attendus de cette nouvelle interconnexion pour les acteurs de marché et que les consommateurs en supportent les coûts.

L’interconnexion reliant les deux côtés des Pyrénées sur 65 kilomètres, entre Baixas (Pyrénées-Orientales) et Santa Logaia (Catalogne), a coûté 700 millions d’euros, dont 225 millions de subventions européennes.

Sources : AFP, Dow Jones Newswires

Elisabeth Studer – 12 décembre 2015 – www.leblogfinance.com


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