Mitsubishi : les prévisions de résultats entachées par la falsification des tests

Alors qu’il s’avérait fort probable lors de la divulgation de l’affaire que Mitsubishi puisse très rapidement ressentir les effets négatifs de la falsification de ses tests d’émission sur ces finances, c’est désormais le cas.

Une source proche du dossier a en effet indiqué dimanche à Reuters que le groupe ne devrait sans doute pas accompagner la publication de ses résultats annuels la semaine prochaine de prévisions pour l’exercice en cours. Raisons invoquées : l’incapacité à l’heure actuelle d’établir finement l’impact financier de la malversation du constructeur. Une information qui n’a toutefois pas été confirmée à l’heure actuelle par Mitsubishi, un porte-parole de l’entreprise contacté à ce sujet s’étant refusé à tout commentaire. Notons que ces propos interviennent alors que Mitsubishi doit annoncer mercredi prochain ses résultats annuels sur l’exercice clos le 31 mars dernier. Après avoir annoncé la semaine dernière qu’il avait falsifié des tests d’économie de carburant afin de présenter des niveaux d’émissions plus acceptables, le constructeur fait désormais l’objet d’une enquête du ministère des Transports japonais.

Mitsubishi a ainsi reconnu avoir fourni des données de consommation erronées pour deux de ses véhicules et deux autres vendus sous le badge Nissan. Les quatre modèles concernés par cette fraude sont les Mitsubishi eK Space et eK Wagon ainsi que leurs clones Nissan, les Dayz and Dayz Roox. Au total, 468 000 Nissan Dayz et Dayz Roox ont été écoulés sur le marché et 157 000 pour leurs homologues Mitsubishi.

Lors de tests complémentaires, Nissan a décelé des données ne correspondant pas à ce qui était préalablement annoncé et a alors contacté Mitsubishi, lequel a en suivant communiqué l’information. Des différences allant de 5 à 10% auraient été constatées sur ces véhicules équipés du même bloc trois cylindres 657 cc. En guise de première réaction, Mitsubishi et Nissan ont décidé d’arrêter la production et les ventes des modèles en cause.

Jeudi dernier, l’action du constructeur japonais a quant à elle plongé de plus de 20% à la Bourse de Tokyo au lendemain de l’aveu de manipulations de données. Le titre, qui avait déjà perdu 15% mercredi, a chuté à la clôture de 20,46% à 583 yens, ce qui correspond à une très lourde perte de 150 yens, le recul maximum autorisé pour la journée. Les investisseurs redoutent d’autant plus l’impact de ce scandale sur les finances du groupe, qu’un nombre plus important de véhicules pourrait être concernés.

Le Yomiuri, premier quotidien japonais mais aussi le premier quotidien au monde en terme de lecteurs,  a quant à lui indiqué dimanche que, dans certains cas, à l’occasion de changements mineurs effectués sur des véhicules, Mitsubishi n’avait pas procédé à des tests permettant de mesurer des paramètres tels que la résistance de l’air, éléments indispensables pour calculer la consommation de carburant.

Le journal, citant des sources anonymes, ajoute que le constructeur a estimé la résistance de l’air par le biais de calculs, et non en faisant appel à des données de tests comme l’exige le ministère des Transports, et ce, même en cas de changements mineurs.

Le journal Mainichi indique pour sa part que Mitsubishi a volontairement choisi de procéder de la sorte afin de dissimuler de précédents manquements en matière de tests. Le porte-parole du constructeur s’est égelament abstenu de tout commentaire à ce propos, arguant de l’enquête en cours du ministère des Transports, et d’investigations en interne portant notamment sur d’autres véhicules commercialisés hors de l’archipel nippon.

Sources : Reuters, presse japonaise

Elisabeth Studer – 25 avril 2016 – www.leblogfinance.com


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