Nokia : « Pas question de laisser Lannion mourir à petit feu », affirme Pannier-Runacher

Il n’est « pas question de laisser Lannion mourir à petit feu », a déclaré lundi la ministre déléguée à l’Industrie Agnès Pannier-Runacher alors que Nokia prévoit d’y supprimer 400 emplois.

« Je conteste ce plan social de Nokia », a également affirmé sur CNews la ministre, qui s’est rendue sur le site de Lannion lundi après-midi.

« Je n’arrive pas avec des promesses qui ne seront pas tenues », a nuancé Mme Pannier-Runacher », qui a ajouté avoir « une volonté farouche de remettre en cause ce plan social que je ne m’explique pas ».

« Je ne comprends pas comment Nokia peut faire un plan social aujourd’hui alors qu’ils sont positionnés dans les équipements télécoms et la 5G » et sur la cybersécurité qui sont des marchés d’avenir, et que « Lannion réunit des forces de R&D dans ces deux domaines », a détaillé la ministre.

Nokia prévoit 1.233 suppressions d’emplois en France, parmi lesquelles plus de la moitié des 772 postes du site de Lannion, ce qui, selon les syndicats, mènera inexorablement à sa fermeture.

« Nokia aujourd’hui n’a pas de patron, nous devons avoir un interlocuteur qui a un propos stratégique, non pas des gens qui n’ont pas vision pour l’entreprise, pas de vision pour l’empreinte industrielle de Nokia en France », a accusé Mme Pannier-Runacher.

« La France doit être un des pays essentiels dans la stratégie de Nokia. Si ce n’est pas le cas, nous devons en tirer les conséquences », a averti la ministre déléguée à l’Industrie qui a rappelé que le gouvernement soutenait « de manière massive tous les programmes de développement en matière de télécoms ».

A Lannion, Mme Pannier-Runacher a affirmé la volonté du gouvernement de maintenir « le maximum de compétences sur Lannion (…) avec Nokia ou sans Nokia », après des rencontres avec les élus, Nokia France et les représentants syndicaux.

Le confinement « a montré que l’on peut travailler à distance. Comment cela ne pourrait-il pas se faire à Lannion ? », a interrogé la ministre lors d’un point-presse.

« Ce qu’a réussi à faire Lannion depuis 60 ans, cette concentration de compétences, fait que la plate-forme de Lannion est très compétitive », a-t-elle relevé, avant de poursuive : « Il y a un enjeu individuel » d’avenir professionnel et familial, « mais aussi un enjeu collectif d’aménagement du territoire qu’il faut assumer ». Si on enlève au territoire « 400 cadres en recherche et développement, on affaiblit Lannion ».

« Nous avons besoin d’un interlocuteur qui s’engage dans la durée », a-t-elle réitéré à propos de Nokia. « Sinon, nous en tirerons les conséquences ».

Interrogée sur une éventuelle remise en cause du Crédit impôt recherche (CIR) dont a très largement bénéficié Nokia, embauchant environ 200 jeunes ingénieurs à Lannion depuis 2016, Mme Pannier-Runacher a expliqué en substance que le CIR n’était pas remis en cause car « il permet de mettre le coût d’un ingénieur français au niveau des ingénieurs européens ». Elle a cependant évoqué des investigations en cours à ce sujet concernant Nokia : « Ce qui a pu poser question, c’est l’utilisation du CIR et s’il n’y a pas eu d’optimisation fiscale autour de ce sujet (…) L’Etat en tirera les conséquences en positif et en négatif », a-t-elle dit.

En quittant l’entreprise, Mme Pannier-Runacher est allée à la rencontre des salariés qui s’étaient massés devant le site, banderoles syndicales au vent, leur résumant la position du gouvernement. Si le fait d’évoquer un avenir sur le site « avec ou sans Nokia » a soulevé des protestations, elle a terminé son propos sous les applaudissements, échangeant ensuite quelques mots avec des salariés inquiets et des familles.

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