Palestine : appel à annulation du traité de gaz avec Israël

Encore une fois, le gaz et les ressources énergétiques deviennent le nerf de la guerre, voire une arme fatale employée pour faire céder les plus forts. Alors quand Israël se met à exporter du gaz … vous imaginez les tensions politiques et financières que cela peut engendrer …

C’est ainsi qu’un certain nombre d’institutions officielles et populaires palestiniennes ont appelé cette semaine au rejet de l’achat de gaz israélien. Rappelons que le 5 janvier 2014, le gouvernement palestinien et des institutions du secteur privé ont signé un accord, pour l’importation du gaz naturel, à partir d’Israël, d’une valeur de 1,2 milliards de dollars, et pour une période de 20 ans.

Dans une conférence de presse organisée par le comité national du Boycott d’Israël, les participants ont appelé à mettre fin à la dépendance palestinienne vis-à-vis d’Israël et à l’exploitation des champs de gaz de Gaza.

Abbas Zaki, membre du Comité central du Fatah, a considéré que l’achat du gaz israélien était « une grosse erreur nationale et stratégique ». Selon lui, l’accord « donnerait plus de légitimité au contrôle israélien sur l’économie palestinienne. »

Parallèlement, le responsable de la coordination du comité a souligné que des campagnes de boycott  avaient été lancées, en Palestine et en Jordanie, en vue de faire pression sur les gouvernements de certains pays, les appelant à révoquer leurs accords gaziers avec Israël.

Dans un communiqué publié jeudi 19/2, le FPLP  – Front populaire de libération de la Palestine – a quant à lui appelé à annuler immédiatement le traité de gaz signé avec l’Etat hébreu. Arguments invoqués : selon lui, ce dernier a « été signé derrière le peuple palestinien et ses représentants des factions de l’OLP (‘Organisation de libération de la Palestine), mais car il renforce la continuation de l’occupation de la Cisjordanie occupée, y compris Jérusalem, pour 20 ans à venir. »

Selon le FPLP, la signature du traité d’importation de gaz israélien par l’Autorité Palestinienne qui a eu lieu au début 2015 est « coup humiliant et une mesure honteuse » alors que l’Etat hébreu  « détient encore l’argent public palestinien et confisque les droits financiers » du peuple palestinien, « tandis que les voix s’élèvent pour un boycott de toutes les formes de produits israéliens. »

Le FPLP appelle par ailleurs toutes les institutions palestiniennes nationales, les Unions et les syndicats, en plus des organisations de la société civile à travailler pour faire pression sur la direction de l’Autorité Palestinienne afin d’annuler ce pacte qui selon lui, « représente une attaque contre la cause palestinienne et une injustice contre les droits politiques et économiques du peuple palestinien ».

Le chef de la Coalition, pour la responsabilisation et l’intégrité, (AMAN), le Dr. Azmi Shuaibi a déclaré pour sa part que le gouvernement palestinien était « un partenaire clé, dans cet accord du Fonds d’investissement palestinien, qui est une institution financière quasi-gouvernementale ». Il a par ailleurs appelé à trouver d’autres fournisseurs de carburant et de gaz, comme le Qatar, la Turquie et le Venezuela.

En mai 2014, le président du Venezuela, Nicolas Maduro, avait quant à lui indiqué que son pays allait livrer du pétrole et du diesel à l’Autorité palestinienne. Des accords ont en effet été conclus lors de la visite du président Mahmoud Abbas à Caracas.

Au début du mois de novembre 2014, les exploitants d’un important gisement de gaz off-shore israélien ont signé une lettre d’intention avec un consortium égyptien en vue de lui livrer jusqu’à 2,5 milliards de mètres cubes de gaz naturel par an. Un potentiel accord, qui s’il se concrétisait porterait Israël au range de puissance exportatrice d’hydrocarbures.

Notons par ailleurs qu’un protocole d’accord a été signé en septembre 2014 avec la Jordanie  afin qu’Israël livre au royaume hachémite la majorité de ses besoins en gaz naturel pour les 15 prochaines années.

Rappelons que deux importants gisements sous-marins ont été découverts en 2009 et 2010 au large des côtes israéliennes : le gisement de Tamar pourrait disposer de réserves de 280 milliards de mètres cubes, celles de Léviathan pouvant contenir le double.

Le démarrage de l’exploitation du gisement de Tamar en 2013 a d’ores et déjà permis à Israël de réduire sa dépendance face aux importations d’hydrocarbures tout en lui permettant d’accroître ses recettes fiscales. Selon un expert de l’OCDE, si la croissance économique de l’Etat hébreu a atteint 3,3 % en 2013, lle n’aurait été que de 2,5 % sans la mise en exploitation du gisement gazier.

Sources : palestine-info, RFI, French.Irib

Elisabeth Studer – 21 février 2015 – www.leblogfinance.com


Le Blog Finance