Pécresse et l’Etat enterrent la hache de guerre

Valérie Pécresse, présidente d’Ile-de-France Mobilités (IDFM), est parvenue à obtenir une aide de l’Etat qui lui permettra de continuer à faire fonctionner les transports publics de la région appauvris par le Covid-19, mais elle la juge « très insuffisante », donnant déjà rendez-vous à Matignon l’an prochain. « Après plusieurs mois de négociation, le Premier ministre a accepté que l’Etat accorde à Ile-de-France Mobilités une aide de 800 millions pour l’année 2021, à laquelle s’ajoute une aide de trésorerie de 274 millions d’euros, qui sera remboursée début 2022 », a annoncé IDFM dans un communiqué lundi 11 octobre.

Le ministère des Transports a immédiatement fait remarquer que cette aide –qui doit encore être avalisée par le Parlement– serait remboursable, et ne constitue pas une subvention. « Grâce à ce nouveau soutien, l’Etat montre qu’il est à nouveau au rendez-vous pour soutenir les investissements colossaux lancés sur le réseau de transports en commun en France », a commenté le ministre délégué aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari, cité dans un communiqué.

« Les modalités de remboursement (de cette avance) seront étudiées avec l’Etat afin de ne pas entamer la soutenabilité financière d’IDFM à court et à long terme », a-t-on précisé lundi soir dans l’entourage de Valérie Pécresse. La somme est en tout cas nettement inférieure aux 1,3 milliard d’euros que réclamait la président de la région Ile-de-France, mais elle va lui permettre de payer à nouveau la RATP et la SNCF.

L’autorité régionale des transports avait en effet suspendu ses versements aux deux groupes publics, faute d’argent selon ses dirigeants –et aussi pour faire pression sur l’exécutif. IDFM avait déjà arrêté de payer pendant deux mois à l’été 2020 pour les mêmes raisons. Mais la RATP et la SNCF n’ont pas pour autant cessé de faire rouler leurs trains, RER, métros, trams et bus, ni l’an dernier, ni cette année. Pour les pertes de 2020, IDFM avait obtenu de l’Etat 1,16 milliard d’euros d’avance remboursable et 151 millions de subvention.

Batailles de chiffres

Mettant en avant les exemples des pays voisins qui aident massivement leurs transports publics, Valérie Pécresse réclamait des subventions directes cette année, et non pas des avances remboursables. « On a toujours été très clairs sur le fait que cette crise Covid ne pouvait pas être payée par les usagers, et qu’elle ne devait pas mettre en danger les investissements nécessaires à la régénération du réseau et au renouvellement du matériel roulant », expliquait à l’AFP fin septembre son bras droit, Grégoire de Lasteyrie.

Le manque à gagner dans les finances d’IDFM vient de la baisse du rendement du versement mobilité (une taxe sur la masse salariale des entreprises de plus de 11 salariés, qui représente plus de 50% des ressources d’IDFM) et des recettes venues des voyageurs (la billetterie représentant environ 30% des ressources). Etat et IDFM ne sont pas d’accord, le ministère écrivant en particulier lundi que le versement mobilité a retrouvé cette année son niveau d’avant la crise, quand l’équipe de Valérie Pécresse constate une perte de 300 millions d’euros.

L’élue (Libres!) –également candidate à l’investiture des Républicains à la présidentielle– fait donc contre mauvaise fortune bon coeur. L’aide accordée par le gouvernement cette année est jugée « très insuffisante par rapport aux besoins du réseau » et « laisse les finances d’Ile-de-France Mobilités en forte tension », selon le communiqué publié lundi après le conseil d’administration d’IDFM.

« Dans ces conditions, Ile-de-France Mobilités sera contraint de revenir vers l’Etat en 2022 », année pour laquelle il anticipe actuellement une perte de 730 millions d’euros par rapport aux prévisions d’avant-crise, prévient déjà l’institution régionale. IDFM prévoit que le versement mobilité ne retrouvera son niveau d’avant-crise qu’en 2024, et qu’il rapportera ensuite moins que prévu. Idem pour les ventes de billets, l’effet du télétravail étant à long terme estimé à 5% des recettes tarifaires.