Pétrole : le Koweït réduit sa production grâce à une grève illimitée

« Chance inespérée » de voir la production de pétrole mondiale baisser un tantinet ? Les travailleurs du secteur pétrolier du Koweït ont entamé dimanche une grève illimitée, entraînant une chute des volumes produits. Les employés protestent contre des réductions de salaires envisagées par le gouvernement.

Un porte-parole de la Kuwait Oil Co., Saad al-Azemei, a ainsi indiqué sur Twitter que la production de pétrole du Koweït avait baissé à 1,1 million de baril dimanche, au premier jour de la grève, contre une valeur moyenne de 3 millions de barils par jour (mbj) en moyenne. Il a par ailleurs ajouté que la production de gaz naturel n’a atteint dimanche que 620 millions de pieds cube contre 1,3 milliard de pieds cube par jour en moyenne.

Le chef du syndicat des employés du secteur pétrolier, Saïf al-Qahtani, a quant à lui déclaré aux agences de presse dimanche que des milliers de travailleurs avaient débuté le mouvement, et qu’un arrêt partiel de la production avait été constaté sur des sites pétroliers. Aucun détail n’a toutefois était fourni quant aux sites affectés et leur rythme de production.

« Observée depuis 07H00 locales (04H00 GMT), cette grève illimitée se poursuivra jusqu’à la réalisation des revendications des travailleurs », a prévenu le syndicaliste. Samedi, le syndicat avait rejeté un appel du ministre koweïtien du Pétrole par intérim, Anas Saleh, à annuler cette action et à « donner la priorité aux intérêts publics et à revenir à la raison » en « s’asseyant à la table des négociations ».

Mais le syndicat avait immédiatement rejeté l’appel du ministre, affirmant que celui-ci n’apportait rien de nouveau. « La grève aura lieu comme prévu », avait déclaré tout net le chef du syndicat, tenant les compagnies pétrolières et le ministre responsables de la grève et de ses potentielles conséquences économiques.

En vue de faire face à la dégringolade de la chute du prix du baril, laquelle a de graves conséquences financières sur le budget de ce pays du Golfe, les autorités koweïtiennes ont annoncé ces derniers mois une série de mesures d’austérité. Souhaitant notamment mettre en place une nouvelle grille de salaires s’appliquant à tous les fonctionnaires du pays, dont les quelque 20.000 employés du secteur pétrolier. Le syndicat conteste également des projets de privatisation de certaines activités du secteur pétrolier.

La semaine dernière, la compagnie – publique – Kuwait Petroleum Corp (KPC) avait proposé de suspendre les réductions des dépenses si le syndicat acceptait de rejoindre un comité chargé de négocier un règlement de la crise.

En retour aux propos du responsable syndicaliste dimanche, la compagnie a aussitôt tenu à affirmer que malgré la grève, elle avait la capacité de continuer à approvisionner le marché local et ses clients à l’étranger en puisant dans ses stocks.

« La KPC et ses filiales ont mis en oeuvre leurs plans d’urgence » a ainsi déclaré un porte-parole du secteur public pétrolier, Talal Khaled Al-Sabah, s’exprimant dans un communiqué. Ajoutant que les exportations se poursuivaient « comme prévu » et n’avaient pas été affectées, pour le moment, par la grève.

Selon lui, les stocks de l’Etat en essence et produits pétroliers couvrent les besoins du pays pendant 25 jours tandis que ses réserves stratégiques lui permettent de tenir 31 jours supplémentaires.
Talal Khaled Al-Sabah a également affirmé que l’approvisionnement en produits pétroliers des stations de service, de l’aéroport international de Koweït et des centrales électriques dans l’émirat n’était pas affecté.

La Kuwait National Petroleum Co a, pour sa part, affirmé que ses trois raffineries, les seules de l’émirat, avaient continué à fonctionner malgré la grève. Le président exécutif de la compagnie, Mohamed Ghazi al-Mutairi, cité par l’agence officielle KUNA a toutefois reconnu que leur production n’était plus que de 520.000 barils actuellement, contre 930.000 barils en temps normal.

A noter que cette grève voit le jour alors que se tient au Qatar une réunion des plus importants producteurs de pétrole, dont le Koweït fait partie en tant que quatrième plus gros producteur des pays de l’Opep. Avec pour objectif : le gel de la production pétrolière, l’enjeu final étant de permettre de soutenir les prix.

Selon les experts du secteur, en cas de mouvement prolongé, la production du Koweit pourrait être réduite de manière drastique.

En milieu de semaine, le quotidien local indépendant Al-Rai citant des sources anonymes avait indiqué que le Koweït allait déployer la garde nationale pour gérer les installations pétrolières pour faire face aux incidences du mouvement sur la production. Ce déploiement devait débuter mercredi sur certains sites de production d’hydrocarbures dans le sud de l’émirat, avait également précisé le journal.

Selon le média, la production de pétrole du Koweït pourrait même baisser d’un tiers de sa valeur (dans une fourchette comprise entre 0,5 à 1 million de barils par jour) compte-tenu de la grève, ce dernier ajoutant toutefois que les exportations et la vente sur le marché local ne seraient pas affectées, le pays prévoyant de puiser dans ses stocks.

Sources : AFP, KUNA, RFI