Pétrole : vers un marché à terme made-in-China

Petite révolution à prévoir sur les marchés : la Chine devrait prochainement lancer son propre marché à terme dédié au pétrole, lequel serait ouvert aux investisseurs étrangers. Un événement d’autant plus important que l’Empire du Milieu est le leader mondial de la consommation d’énergie. Et qui devrait notamment remettre en cause la la domination de Singapour dans ce domaine en Asie.
Les autorités et l’opérateur de la place boursière de Shanghai ont en effet mis en place une société dénommée Shanghai International Energy Exchange Corp. destinée à organiser ce futur marché à terme. Lequel sera installé dans la zone franche de Shanghai –  inaugurée en septembre dernier –  après l’obtention de l’autorisation du gouvernement.

Selon le journal Shanghai Daily, le nouveau marché constituera la cinquième place chinoise permettant l’échange de contrats à terme, mais sera la première proposant des contrats sur l’or noir. Le directeur adjoint du comité de direction de la zone franche, Wang Xinling, a par ailleurs indiqué que d’autres contrats énergétiques pourraient y être échangés à l’avenir.
L’un des objectifs majeurs des initiateurs de ce nouveau marché à terme est d’accroître l’influence de la Chine dans le système international de fixation des prix du brut … voire même de s’affranchir du dollar, en misant sur le yuan. A l’heure actuelle, le Brent de la mer du Nord coté à Londres et le brut texan WTI échangé à New York demeurent les contrats de référence pour le pétrole brut. Et servent donc de base pour fixer les prix des achats physiques de brut chinois, même s’il s’agit d’autres qualités de pétrole.

Inconvénient majeur pour la Chine : les variations des cours du Brent sont plus liées aux aléas de la production en mer du Nord, et celles du brut léger américain au niveau des stocks de Cushing, qu’à l’évolution du marché chinois. Un contexte pénalisant qui motive grandement la stratégie chinoise actuelle, alors que selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la Chine est le deuxième pays consommateur de pétrole dans le monde après les Etats-Unis, avec une demande de 9,81 millions de barils par jour en 2012, ce qui correspond à un dixième de la consommation mondiale.

Rappelons également qu’en septembre dernier, Pékin s’était engagé à ouvrir davantage les marchés chinois des contrats à terme. A l’heure actuelle, les investisseurs étrangers sont autorisés à négocier des actions sur les places boursières à travers un strict système de quotas, mais ne sont pas autorisés à acheter ou vendre directement des contrats à terme portant sur des matières premières. Les analystes du secteur estiment quant à eux que le marché à terme du pétrole ne pourra peser significativement sur les cours mondiaux que s’il est ouvert aux capitaux extérieurs.

Sources  : AFP, RFI

Elisabeth Studer – 24 novembre 2013 – www.leblogfinance.com


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