Porté par Netflix et Amazon, le Nasdaq évolue de nouveau proche de ses sommets

Le Nasdaq 100 est incontestablement l’indice des superlatifs. Sa progression sur la dernière décennie est stupéfiante et la puissance du rebond après la phase aiguë de stress de mars l’est tout autant.

« Indice de tous les superlatifs » selon Alexandre Baradez, responsable de la recherche marchés chez IG, le Nasdaq 100 avait enregistré une « progression stupéfiante au cours de la dernière décennie et la puissance du rebond après la phase aiguë de stress (entre fin février et fin mars) l’est tout autant » souligne-t-il. Sa progression sur la dernière décennie est stupéfiante et la puissance du rebond après la phase aiguë de stress de mars l’est tout autant. « Retour sur le sommet à court terme ou retour sur terre après les résultats trimestriels ? » s’interroge-t-il dans sa note publiée jeudi avant de fournir des éléments de réponse

Il rappelle déjà que « le Nasdaq 100, c’est 850% de hausse entre le creux de la crise des subprimes et le sommet de 2020, soit plus du double de la performance du S&P 500 sur la même période (410%) ». D’aucun aurait pu s’attendre à une correction liée à la crise sanitaire d’autant plus sévère pour les valeurs de l’indice technologique. Bien au contraire, le Nasdaq « a connu la plus faible correction des 3 indices majeurs américains (-30% contre -35% pour le S&P et -38% pour le Dow).

75% de la baisse déjà récupérée

Et ce n’est pas tout. Le Nasdaq a non seulement moins chuté que les autres indices phares de Wall Street durant le krach mais « la puissance de son rebond depuis le point bas de mars est remarquable ». De fait, celui-ci a « déjà récupéré 65% de toute la baisse subie contre 54% pour le S&P 500 et tout juste 50% pour le Dow Jones » souligne-t-il dans sa note. À la clôture de jeudi, le Nasdaq avait même effacé 75% des pertes subies au cours du krach. « Encore une semaine comme celle-ci et on marque un nouveau sommet historique la semaine prochaine. Parfaitement sain », ironisait Alexandre Baradez sur Twitter, alors que s’accumulent les indicateurs économiques et prévisions alarmistes.

« Autre fait remarquable, presque effrayant: lors de la phase de stress liée aux tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine fin 2018, il avait fallu 17 jours à l’indice, en début d’année 2019, pour récupérer la moitié de sa baisse contre seulement…12 jours cette fois-ci alors que l’économie mondiale connaît son plus grave choc économique d’après-guerre » observe-t-il.

Si la réactivité des gouvernements peut expliquer en partie la vitesse de ce rebond selon lui, il n’empêche que les valeurs technologiques connaissent un rallye encore plus important que les autres dans cette phase de reprise commune. Et il ne s’agit pas seulement de la thématique « tech » puisque le Nasdaq surperforme nettement l’EuroStoxx600 Technology (-5,6% pour l’indice US contre -9% pour l’indice européen vendredi, peu avant 17h).

L’avènement des FANG

Il existe donc un « appétit particulièrement féroce pour les techs américaines dans cette phase de reprise ». « Et si on creuse encore, on se rend compte d’une surperformance remarquable de l’indice FANG Index par rapport au Nasdaq » note Alexandre Baradez. Le FANG Index -qui inclut Facebook, Apple, Amazon, Netflix et Alphabet ainsi que 5 autres valeurs (Alibaba, Baidu, Nvidia, Tesla et Twitter- s’affiche en effet en hausse de 11% depuis le début de l’année. S’il s’agit déjà d’une « performance en soi dans le contexte actuel », celle-ci est tirée par les progressions d’Amazon (+28%) et Netflix (+30,5%), qui ont touché un nouveau sommet historique en plein marasme boursier. Le géant de la vidéo à la demande a ainsi franchi jeudi les 200 milliards de capitalisation boursière, dépassant celle de son rival Disney, quand Amazon vaut désormais plus que les 86 autres valeurs de l’indice S&P Retail (qui inclut des mastodontes comme Walmart, Costco, Target ou eBay).

« Évidemment que les valeurs « stay at home » ont été privilégiées par les investisseurs dans cette période de confinement. Mais on doit légitimement se poser la question d’un tel appétit, même pour ces valeurs, alors que la volatilité sur les marchés mondiaux reste élevée » souligne Alexandre Baradez. Il développe: « Le Nasdaq 100 se paie encore 27 fois les bénéfices, ce qui n’est plus très loin des niveaux de valorisation atteints avant le début de la crise. Contre 20 fois les bénéfices pour le S&P, 17 fois pour le Dow Jones ou encore 15 fois pour le Dax allemand (…) Et ces valeurs star du FANG Index se paient cher: 100 fois les bénéfices pour Amazon, 110 fois pour Netflix ou encore 62 fois pour Nvidia. Ce qui signifie que même si ces valeurs sont logiquement privilégiées dans cette phase de crise, il va falloir qu’elles délivrent au niveau des résultats dans quelques jours et notamment au niveau de leurs projections pour les mois à venir » prévient-il

« La chute mondiale de la consommation, l’incertitude sur les budget des annonceurs et une concurrence forte dans les offres de streaming vidéo et de cloud » sont autant d’éléments susceptibles, selon lui, d’affecter « ces monstres de capitalisation boursière » qui semblent insubmersibles.