Portugal : le FMI inquiet quant au respect des objectifs fixés par la troïka

Nouveau mouton noir en vue pour l’Union européenne ?
Si le Fonds monétaire international a certes congratulé à sa manière le Portugal pour ses efforts réalisés dans la la mise en oeuvre de son plan de sauvetage, il n’en demeure pas moins inquiet quant à l’état des finances du pays.
Considérant que Lisbonne est confrontée à des risques élevés de ne pas atteindre les objectifs qui lui ont été assignés par la troïka en échange d’un prêt de 78 milliards d’euros accordé en mai 2011.

A noter que cette alerte du FMI intervient après l’approbation mercredi du versement d’une nouvelle tranche de 657,47 millions d’euros.

Les risques que le Portugal ne respecte pas « les objectifs de base du programme restent élevés », a ainsi estimé le FMI dans son rapport sur la septième évaluation des comptes du pays. Une manière d’indiquer au gouvernement portugais que les mesures d’austérité planifiées lui paraissent insuffisantes, même si le pays semble être sur la « bonne » voie.
Notant « des progrès importants dans la réduction des déséquilibres économiques », le FMI estime toutefois que les perspectives de croissance du pays « demeurent sombres ».

Rappelons que les prévisions officielles du gouvernement portugais tablent sur un recul de la croissance de 2,3% en 2013, un taux de chômage avoisinant 18,2% étant parallèlement attendu.
Autre élément défavorable aux yeux du FMI : la baisse des exportations enregistrée depuis quelques temps, et ce, alors même que ces dernières constituent selon lui « le principal moteur de l’économie portugaise ». Une situation certes due en grande partie à la faiblesse de la demande des autres pays de la zone euro et non à des problèmes structurels nationaux mais qui n’en demeure pas moins préoccupante.

Précisons par ailleurs qu’en avril dernier, la Cour constitutionnelle a rejeté plusieurs mesures d’austérité, considérant que ces dernières étaient dotées d’éléments discriminatoires. « Obligeant » ainsi le gouvernement portugais à proposer de nouvelles solutions en vue de satisfaire aux objectifs qui lui ont été assignés. Les propos du FMI accentuant ainsi la pression qui pèse sur Lisbonne pour mettre en oeuvre au plus tôt des mesures d’austérité lui permettant de respecter ses engagements.
Le nouveau plan de rigueur validé vendredi dernier par le Parlement prévoit désormais une réduction des budgets de fonctionnement de tous les ministères, un allongement des horaires de travail des fonctionnaires de 35 à 40 heures par semaine, ainsi qu’une hausse de leurs contributions sociales.
Parallèlement, le gouvernement portugais entend supprimer près de 30.000 postes de fonctionnaires sur les 700.000 actuellement mis en place.
S’exprimant mercredi devant la presse, le Premier ministre portugais a quant à lui déclaré que les dissensions au sein de la troïka fragilisaient selon lui la confiance des investisseurs à l’égard du Portugal et l’Irlande et constituaient un « risque réel » pour son pays. Ajoutant que les sacrifices consentis par leur peuple mériteraient que les créanciers fassent preuve de davantage de coordination.
Des propos intervenant alors que le FMI a reconnu la semaine dernière que ses propres exigences et celles de ses partenaires de la troïka envers Athènes étaient parfois inadaptées. Concédant par ailleurs que ses prévisions économiques pour la Grèce étaient trop optimistes.
« A cause des divergences de point de vue sur les programmes (de renflouement), les investisseurs commencent à se demander si les programmes appliqués en Irlande ou au Portugal comportent des erreurs »  a-t-il ainsi déclaré.

Sources : Afp, AWP, Reuters

Elisabeth Studer – www.leblogfinance.com  – 13 juin 2013


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