Pourquoi la grande distribution se soigne au bio

En regardant les chiffres trimestriels publiés par Carrefour et Casino les 24 et 25 avril, un contraste saute aux yeux. D’un côté, confrontés à une consommation atone, ces groupes dévoilent tous deux des ventes en repli de 3,3 % en France. De l’autre, ils affichent des progressions insolentes dans le bio : 20 % pour Carrefour, 11 % pour Casino en France. Vecteur de croissance et de marge, le bio n’a jamais autant fait figure d’or vert pour la grande distribution. Ses dirigeants l’ont bien compris, qui ont tous – ou presque – annoncé récemment viser une forme de leadership sur ce marché. L’objectif d’Alexandre Bompard, PDG de Carrefour : un chiffre d’affaires bio de 5 milliards d’euros en 2022, contre 1,45 milliard aujourd’hui. Celui de Jean-Charles Naouri, à Casino : 1,5 milliard en France d’ici à 2021, au lieu de 1 milliard pour l’instant.

Stratégies divergentes

Dans cette course à l’échalote sans OGM, les stratégies divergent. « Les questions qui se posent sont de plusieurs ordres, énumère Benoît Soury, directeur du marché bio à Carrefour : créer une expérience bio à part entière en magasin ou pas, racheter des enseignes spécialistes ou pas, investir dans le digital ou rester physique, choisir si le bio devient génétique ou pas. » Son groupe aura déployé 200 espaces totalement bio dans ses hypers et supermarchés d’ici à la fin de l’année. En parallèle, une vingtaine de Carrefour Bio, reprenant les codes des puristes Biocoop ou Naturalia, seront inaugurés cette année, portant le total à 35. Enfin, Carrefour, qui a racheté en 2016 le leader du secteur en ligne, Greenweez, possède également le spécialiste So Bio depuis début avril. Mais si le but est de déployer ce concept, pour l’instant, il ne compte que dix points de vente.

Casino, en face, possède un atout colossal : le spécialiste Naturalia, qui compte 190 magasins, pour 260 millions d’euros de ventes, et en ouvrira 50 autres d’ici à 2021. Le bio irrigue aussi chaque enseigne du groupe. Le dernier programme de fidélité de Franprix récompense ainsi la consommation responsable, tandis que Monoprix, première enseigne généraliste à proposer du bio depuis 1990, lance une nouvelle gamme, Bio Origines. Résultat ? Casino se targue d’être le meilleur en quotepart du bio dans ses ventes. Carrefour, lui, revendique la première place en valeur en France.

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