Pourquoi la suspension d’UberPop risque d’être définitive

La société UberPop fait-elle preuve d’une grande subtilité manoeuvrière, en stoppant son service à partir de ce soir pour mieux relancer son offre une fois les obstacles levés? Ou est-ce au contraire une vraie défaite ? Pour Thomas Thévenoud, le verdict est clair.  Son point de vue: 

  « L’annonce de la suspension d’UberPop est une décision sage et responsable. Il le fallait pour apaiser les esprits et les excès de violence, inadmissibles, de la semaine dernière. Cette société ne pouvait pas continuer à faire abstraction de la loi sous prétexte d’attendre la décision du Conseil constitutionnel en septembre. L’épisode de la garde à vue de ses dirigeants et la pression politique exercée au plus haut niveau ces derniers jours ont également porté leurs fruits. Ce qui conduit à penser qu’il sera compliqué pour eux de relancer le service. Il ne s’agit d’ailleurs pas d’une problématique franco-française: il y a quinze jours, la justice italienne à Milan a ordonné la suspension des activités d’UberPop, et la société connaît des procédures similaires en Belgique, au Danemark et en Allemagne. C’est surtout la question du modèle économique d’UberPop qui se pose: en France, la société avance le chiffre de 10.000 conducteurs occasionnels. Mais on voit (dans l’interview de Thibaud Simphal, DG d’Uber France dans Le Monde du 3 juillet) qu’ils ne gagnent rien. Seulement de quoi payer l’entretien de leur voiture. A l’inverse, le modèle VTC est plus solide. Et contrairement à ce qu’avancent les dirigeants d’Uber, il n’est pas menacé à cause de la loi. Le nombre de nouvelles cartes tourne autour de 400 par mois. Il y en a aujourd’hui 7.000, contre zéro en 2009, et ils vont continuer à progresser. Il n’est pas question de les remettre en cause, mais de respecter des règles claires, qui valent d’ailleurs aussi bien pour les taxis. Notamment les mesures concernant leur modernisation, comme l’utilisation de la carte bleue ou le forfait aéroport. Mais pour cela, il faut que le gouvernement fasse appliquer la loi. »

Challenges.fr en temps réel : Economie