Pourquoi le ralentissement de la croissance chinoise inquiète les Bourses

“L’investisseur a peur!” a résumé Franklin Pichard, le directeur de Barclays Bourse. Il “s’interroge sur la réalité du niveau de croissance chinoise, craignant qu’un atterrissage trop brutal de l’économie n’entraîne un ralentissement plus prononcé de l’économie mondiale”, juge-t-il.

Et ces craintes se sont traduites par des pertes sur les marchés financiers en ce vendredi 21 août. Le CAC 40 a perdu 3,19 %. Londres était également en repli de 2,83%. Wall Street a lourdement chuté, l’indice vedette Dow Jones perdant 3,12% et l’indice composite Nasdaq, qui concentre les valeurs technologiques, 3,52%.

Pourquoi une telle inquiétude?

La croissance chinoise était de 7,4% l’an dernier, à son plus bas niveau depuis 1990, et a encore reculé à 7% pour les deux premiers trimestres de 2015. C’est bien au-dessus des taux de la plupart des autres puissances économiques mais la dévaluation surprise du yuan le 11 août fait soupçonner une réalité pire que ce que Pékin veut bien reconnaître.

La croissance du PIB chinois au deuxième trimestre correspond en effet exactement aux prévisions annuelles du gouvernement, rendant certains observateurs dubitatifs, notamment après la publication d’une série de mauvais indicateurs. Et la déroute des marchés financiers en juin et juillet n’a fait qu’ajouter à la morosité.

En quoi une croissance ralentie pose-t-elle problème sur le plan intérieur?

Les experts jugent que le parti communiste doit continuer à améliorer les conditions de vie des Chinois pour préserver son pouvoir. Et le taux de croissance permettant au gouvernement de créer assez d’emplois pour endiguer la contestation sociale est généralement estimé autour de 7%.

En quoi est-ce un problème international?

Au lendemain de la crise financière de 2008, avec des économies américaine et européenne affaiblies, le monde attendait de la Chine qu’elle tire vers le haut la croissance planétaire.

Avec 1,3 milliard de consommateurs potentiels, le pays est un important marché pour les biens manufacturés, si bien que tout ralentissement de la demande se fera vivement ressentir au-delà de ses frontières.

La panique est-elle justifiée?

Les analystes sont divisés sur cette question. L’indice PMI des directeur d’achats, au plus bas depuis six ans, “confirme que l’économie n’est toujours pas sur une bonne assise et nous attendons un modèle de croissance molle pour le deuxième semestre, avec tous les risques afférents”, affirme la banque Barclays dans une note.

“Nous continuons de croire que l’atmosphère est actuellement exagérément pessimiste, et que l’appui politique limitera les risques afférents pour l’activité économique dans les prochains trimestres”, affirme au contraire le cabinet Capital Economics.

La volatilité des marchés pourrait aussi mettre en échec la volonté du gouvernement de réorienter l’économie vers un modèle de croissance plus durable accordant une plus grande importance à la consommation des ménages.Et Pékin pourrait recourir comme par le passé à une relance de l’investissement public pour soutenir l’activité.

Jusqu’où peuvent chuter les marchés chinois et la monnaie?

La Bourse de Shanghai est retombée vendredi à son niveau du 8 juillet, lors de sa précédente chute, avant que le gouvernement, apparemment déterminé à empêcher que son indice tombe en-dessous des 3.500 points, ne mette en place un vaste plan de sauvetage. Ce niveau reste toutefois nettement supérieur aux 2.230 points d’il y a un an.

Après la dévaluation surprise de près de 2% du yuan le 11 août, qui a entraîné sa chute de près de 5% la semaine dernière face au dollar, la monnaie chinoise devrait encore baisser d’ici la fin de l’année, peut-être jusqu’à 6,6 yuans pour un dollar, contre 6,4 actuellement, selon la banque japonaise Nomura.

(Avec AFP)

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