Pourquoi les salaires augmenteront moins que prévu cette année

Il n’y a pas que la croissance qui s’avère souvent plus faible que prévu. Selon l’étude du cabinet de ressources humaines Mercer sur les rémunérations en France, les salaires augmenteront plus faiblement que prévu avec 2% en moyenne cette année (au lieu de 2,5% prévu). L’étude relève que « malgré un contexte de faible inflation, de faible croissance, de consolidation des marges et de chômage élevé, les pratiques d’augmentation 2015 et pour l’année à venir restent relativement élevées ».

« L’inflation estimée entre 0 et 0,3% sur 2015 suivant les sources, devrait de toute façon être, une fois de plus, largement couverte. L’inflation n’est donc plus le critère central de calcul des budgets d’augmentation. Les entreprises doivent aujourd’hui mettre en place des politiques de révisions salariales leur permettant de conserver leurs meilleurs talents et de répondre, dans une certaine mesure, aux attentes de leurs collaborateurs » explique Bruno Rocquemont, directeur de l’activité Talent au sein de Mercer France.

Pour le directeur de l’activité Talent de Mercer France, « ce que cache ces 2% est la sélectivité qui va s’opérer derrière. Depuis la crise de 2008 il existe une individualisation forte des augmentations de salaires. Cela crée des situations très disparates au sein d’une même équipe. Des salariés verront une augmentation faible voir nulle et d’autres auront 6 ou 7% ».

Vers des augmentations sélectives

« Cette sélectivité des augmentations va perdurer au sein des entreprises. C’est le sens de l’histoire. Elle est assez saine au final. Si vous saupoudrez 2% pour tout le monde, vous frustrez les gens sans discernement des performances des uns et des autres, détaille Bruno Rocquemont. Il faut vraiment que la sélectivité s’appuie sur un système de gestion de la performance dans chaque entreprise. Jusqu’en 2008, on parlait du sacro-saint 3% lorsque l’inflation était importante. Depuis 2008, les budgets d’augmentation sont plus haut que l’inflation. Celle-ci n’est donc plus au centre des décisions d’augmentation de salaires ».

Petite éclaircie pour les salariés, « les entreprises ont été moins nombreuses à geler les salaires en 2015 qu’annoncée ». La moyenne des salaires gelés s’établit à 4% toutes catégories confondues contre des prévisions entre 4 et 8%.

La perspective d’une croissance modeste associé à un phénomène de faible inflation l’année prochaine ne devrait pas chambouler la perspective d’augmentation modérée des rémunérations en 2016. Les budgets médians d’augmentation des rémunérations en 2016 sont prévus à 2%.

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