Prélèvement à la source: le Medef demande un nouveau report

Prélèvement à la source: le Medef demande un nouveau report

Vers un report du prélèvement à la source ? Le président du Medef, Pierre Gattaz, a demandé dimanche au gouvernement un moratoire d’un an pour la mise en place de la mesure, dont la mise en application est prévue dès 2019. Arguments avancés par le Medef : mieux préparer la réforme.

Une remise en cause du planning qui laisse entrevoir quelques cafouillages si la demande du patronat n’était pas acceptée par le gouvernement … Des cafouillages qui pourraient être bien inquiétants pour la trésorerie des particuliers, si des sommes sont prélevées à tort ou si les bulletins de salaires se voient amputés de prélèvements non justifiés.

Rappelons que le prélèvement à la source est une mesure phare du quinquennat de François Hollande. Il a été reporté au 1er janvier 2019 par le gouvernement d’Edouard Philippe. La mesure introduit un nouveau principe de collecte de l’impôt de manière concomitante au versement du salaire, et non plus un an après, comme actuellement.  Objectif affiché :   ajuster automatiquement le niveau d’imposition aux variations de revenus ….  tout  en  améliorant ainsi la trésorerie de l’Etat.

  • Les entreprises pas encore prêtes ?

“Nous sommes très inquiets sur le prélèvement à la source, nous l’avons dit depuis trois/quatre ans”, a mis en garde dimanche Pierre Gattaz durant l’émission « Le Grand jury RTL/Figaro/LCI. »

Afin de tenter de calmer ses « inquiétudes », le patron des patrons demande qu’il y ait un  moratoire  sur sa mise en place et “que l’on puisse beaucoup mieux préparer ce sujet”. “Je pense que ce serait intéressant de pouvoir au moins décaler d’un an de plus pour pouvoir faire des tests complémentaires”, a jugé prudemment le président du Medef. Laissant ainsi entrevoir que tout n’est pas rodé, loin s’en faut du côté des services informatiques et RH des entreprises.

  • Les esprits des salariés encore mal préparés

Mais, au delà des entreprises – auxquelles on a semble-t-il mis un couteau technologique sous la gorge – les esprits ne semblent pas être non plus être bien préparés si l’on en croit le patron du Medef. Comprenez : déjà que la mesure risque d’être fortement impopulaire, par manque d’explications, le moindre cafouillage à sa mise en place devrait provoquer des débordements explosifs. De quoi faire peur à un gouvernement …

Pierre Gattaz estime en effet qu’un travail de pédagogie est nécessaire et que la réforme ne doit pas être appliquée trop “brutalement”. Selon lui, si la feuille de paie devait baisser à compter du 1er janvier 2019 ce se serait “quelque chose de psychologiquement terrible”.

“Je crains que l’on ait un gros problème psychologique à gérer, peut-être récessif, et que nous allions en plus transformer les chefs d’entreprises, notamment des plus petites PME, en collecteurs d’impôts et en conseillers auprès des salariés”, a détaillé M. Gattaz. Laissant ainsi également entendre que les services de collecte et de conseil que l’on veut « refourguer » aux entreprises sont autant de charges salariales supplémentaires à prendre en compte par les entreprises. Tant financièrement qu’en terme de responsabilité, le « sale » boulot, ou du moins le « mauvais » boulot incombant désormais aux entreprises via le prélèvement à la source.

Or, affirme le président du Medef,  “nous sommes en convalescence économique aujourd’hui”, c’est pourquoi “il faut garder la confiance des chefs d’entreprises et la confiance de nos collaborateurs”. Lesquelles confiances pourraient être mises à mal en cas de cafouillage, le fautif pouvant ne pas être l’Etat mais les entreprises aux yeux du grand public.

Pierre Gattaz a également indiqué qu’il avait abordé le problème avec le président de la République, Emmanuel Macron, mais que ce dernier ne lui avait pas encore répondu à ce sujet à l’heure actuelle.

Elisabeth Studer – 26 mars 2018 – www.leblogfinance.com

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