Présidentielle : les prévisions budgétaires des candidats dénoncées

Attention risque d’« insoutenabilité » de la trajectoire budgétaire française : l’Institut Montaigne a étrillé mercredi le chiffrage des programmes des cinq candidats les mieux placés dans la course à l’Elysée, dans une note réalisée pour Les Echos.

Jean-Luc Mélenchon

Le bonnet d’âne revient à Jean-Luc Mélenchon : sur cinq ans, la mise en œuvre de son programme se traduirait, selon le think tank libéral, par des dépenses et baisses de recettes supérieures de 218,9 milliards d’euros aux recettes anticipées. L’Insoumis estime de son côté que les recettes générées par son programme excéderaient de 17 milliards d’euros les dépenses qu’il prévoit.

Le creusement de la dette anticipé par l’Institut Montaigne s’explique notamment par le niveau élevé des dépenses nouvelles envisagées par le candidat : l’Institut Montaigne les chiffre à 331,6 milliards d’euros. L’abaissement à 60 ans de l’âge légal de départ à la retraite (après 40 années de cotisation) coûterait à lui seul près de 86 milliards.

Eric Zemmour et Marine Le Pen

La situation n’est guère plus reluisante pour Eric Zemmour (Reconquête) ou Marine Le Pen (Rassemblement national), avec des soldes budgétaires négatifs de 145,8 milliards d’euros pour le premier et de 101,8 milliards d’euors pour la seconde. Brandie par la candidate d’extrême droite, la baisse du taux de TVA appliqué aux produits énergétiques (de 20% à 5,5%) aurait un coût estimé par l’Institut Montaigne à 10,3 milliards d’euros. La prime « zéro charge » promise par Eric Zemmour pour améliorer la rémunération des salariés pénaliserait les finances publiques à hauteur de 28 milliards d’euros.

Résultat : pour les trois candidats, « sans économie supplémentaire, le programme risque de placer le pays dans une trajectoire d’insoutenabilité forte ».

Valérie Pécresse

Si les écarts entre les anticipations budgétaires d’Emmanuel Macron (La République En Marche) et Valérie Pécresse (Les Républicains) et les prévisions de l’Institut Montaigne sont moins conséquents, leurs programmes « ne permettent pas de placer le pays dans une trajectoire solide de soutenabilité ».

La suppression de 200.000 postes de fonctionnaires promise par la candidate de droite générerait certes près de 6 milliards d’euros d’économies pour l’Etat, mais la mise en œuvre de son programme engendrerait au global un déficit de 35,1 milliards.

Emmanuel Macron

Enfin, dans le camp Macron, les 10 milliards d’euros d’économies annoncées dans les dépenses de fonctionnement des collectivités territoriales n’entraîneraient en définitive que 5 milliards d’euors d’économies. Au total, l’application du programme du président sortant entraînerait un déficit supplémentaire de 44,5 milliards d’euros.

Le think tank souligne que si les précédentes initiatives pour juguler les dépenses de fonctionnement des collectivités ont bel et bien aidé à les maîtriser, « les autres dépenses ont augmenté, si bien que le solde des collectivités s’est dégradé ».

De façon générale, « le principe de libre administration des collectivités, en l’absence notamment de mesure de réduction de leurs dotations, limite la capacité du gouvernement à dégager des marges budgétaires à leur endroit ».

Conséquence logique des chiffrages analysés par l’Institut Montaigne, le déficit public ne repasse chez aucun des candidats sous la barre symbolique des 3%, même à l’issue du prochain quinquennat. Chez le président sortant, qui a annoncé son ambition de ramener le déficit à 3% en 2027, le scénario le plus optimiste de l’Institut Montaigne aboutit à un déficit de 4,3% à l’issue du quinquennat.

Dans une note publiée vendredi, la Fondation Concorde avait aussi jugé sévèrement l’impact des programmes électoraux sur les finances publiques. Selon le think tank à l’ancrage libéral et pro-entreprise, seul le programme de Valérie Pécresse serait en mesure de réduire le déficit public.