Quand ambassadeurs et patrons font ami-ami

D’ordinaire, ce genre d’exercice se pratique dans des bars entre jeunes gens esseulés à la recherche de l’âme sœur. Ce mardi 25 août après-midi, c’est un « speed-dating » d’un nouveau genre qui était organisé dans les locaux du ministère des Affaires étrangères et du Développement international sous la houlette de Laurent Fabius. Dans le cadre de la « semaine des ambassadeurs », du 24 au 28 août, le ministre a voulu des rencontres entre ambassadeurs et entreprises françaises, exclusivement des PME. Une première, sans doute appelée à se renouveler, déjà couronnée de succès: 700 inscrits, plus de 5.000 demandes formulées, la plupart des ambassadeurs mobilisés pour un total de 1.700 rendez-vous avec des chefs d’entreprise à raison d’un quart d’heure pour chacun. « Une belle occasion de rapprocher le monde économique et les diplomates », reconnait Claudine Ledoux, nommée au Laos à partir de septembre.

14 heures. Dans trois grandes salles du Centre de conférences ministériel, rue de la Convention à Paris, règne une agitation un rien studieuse. Derrière des tables sagement alignées, les ambassadeurs attendent leurs premiers clients. « Dans les domaines de l’agriculture, de l’énergie, de la pêche, du matériel médical, énumère Laurent Garnier, en poste depuis deux ans à Maurice. Cette opération nous permet de toucher des nouveaux exportateurs, ceux que nous ne voyons pas sur place. Et il y a de nombreuses niches pour les entreprises françaises à Maurice ». Pour les aider, il a préparé une liste de numéros utiles. « Dans l’avenir, ce sera plus facile de reprendre contact, cette journée va nous faciliter les choses, même si nous exportons déjà à 70% », confirme Pascale Le Carpentier de Leusse, présidente de Protecop, spécialiste de la protection, fournisseur de la gendarmerie et de la police, très satisfaite de son entretien avec l’ambassadeur en Mongolie.

51 demandes pour l’Iran, 17 pour Cuba

Si, sans surprise, les représentants de la France en poste à Pékin (plus de 150 demandes) et à Washington ont été très sollicités, certains de leurs collègues ont également suscité une belle curiosité: 124 demandes pour les Emirats Arabes Unis, 94 pour la Côte d’Ivoire, 73 pour la Russie, 51 pour l’Iran, 17 pour Cuba. Certes, toutes les demandes n’ont pu être satisfaites. « Mais personne ne sera laissé sur le bord du chemin, précise Agnès Romatet-Espagne, directrice des entreprises et de l’économie internationale au ministère. Les ambassadeurs se sont engagés à ce que toute demande qui n’a pas abouti à un rendez-vous reçoive une réponse ».

C’est que les enjeux sont importants à l’heure où le déficit commercial de la France au premier semestre 2015 a atteint plus de 21 milliards d’euros. Un chiffre suffisamment inquiétant pour faire réagir Laurent Fabius. Du coup, l’opération « speed-dating » mobilise ses services depuis plusieurs mois. Il a fallu créer le logiciel approprié pour croiser demandes et offres, contacter les PME (60% viennent de province, un tiers a moins de 9 salariés), leur envoyer un questionnaire précisant leurs souhaits. Ne reste plus désormais qu’à attendre le résultat. « Mais, à Cuba, on a besoin de temps, d’instaurer la confiance », remarque Jean-Marie Bruno, ambassadeur à Cuba.

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