Rappelons tout d’abord que State Grid Corporation of China est la plus grande société d’électricité au monde avec ses deux millions de salariés, un chiffre d’affaires annuel proche de 300 Mds $ , qui alimente 88 % du marché chinois.
Précisons ensuite que durant le printemps 2016, Liu Zhenya, le P-dg de State Grid a déclaré lors d’une conférence internationale, qu’il souhaitait construire un réseau électrique mondial qui, d’ici 2050, pourrait connecter l’Asie, l’Afrique, l’Europe et l’Amérique du Nord et du Sud grâce à des lignes UHV (Ultra Haute Tension) de 1000 kV.
Plus inquiétant encore, l’entrée de State Grid au capital d’Eandis, gestionnaire des réseaux électriques et gaz d’une grande partie des villes de la région flamande du nord de la Belgique, a fortement secoué la classe politique en Flandre durant ces derniers mois.
En juin 2016, la presse belge annonçait ainsi que 14% du capital d’Eandis devrait être acquis par l’entreprise publique chinoise. La prise de participation, se chiffrant à près de 830 millions d’euros, devait toutefois être validée par les actionnaires du gestionnaire de réseau (principalement des villes flamandes) au début du mois d’octobre 2016.
Mais dans le courant du mois d’août, l’Australie refuse pour sa part que State Grid reprenne l’exploitation de son réseau électrique en Nouvelle-Galles du Sud, État le plus peuplé du pays, situé à l’Est de l’Australie. Ce refus incite la Sûreté belge à émettre des doutes quant aux réels objectifs de l’opération envisagée par la société chinoise en Australie. Selon une note révélée par la presse locale, le service de renseignement belge met alors en garde les autorités sur les hypothétiques liens qui existent entre State Grid et le parti communiste chinois et l’armée de l’Empire du Milieu.
« Beaucoup de gens ne comprennent pas que nous vendions partiellement à un investisseur étranger quelque chose d’aussi stratégique que notre réseau de distribution », estimait alors le ministre de l’Énergie de la Flandre, Bart Tommelein.
Une attitude totalement opposée à celle de Alexis Tsipras soit dit au passage …. et à rapprocher des pressions de l’Union européenne et du FMI pour que la Grèce se défasse d’entreprises aussi stratégiques que celles qui gèrent son réseau d’électricité. Quant la Troïka joue en défaveur des intérêts stratégiques des pays membres ….
Alors qu’une quinzaine de communes flamandes avaient déjà indiqué qu’elles voteraient contre cette prise de participation, le projet a été tué dans l’oeuf suite à la décision de la Ville d’Anvers de se retirer du plan de fusion des sept intercommunales composant le gestionnaire de distribution d’énergie.
Au courant du mois d’octobre, la moitié du réseau d’exploitation électrique de la Nouvelle-Galles du Sud a été vendu au final pour 16,189 milliards de dollars australiens (11,3 milliards d’euros) à deux fonds australiens. Une opération conclue après le refus de Canberra – au nom de la sécurité nationale- de le vendre à des groupes de Chine – State Grid – et de Hong-Kong.
En mars dernier, l’Australie avait renforcé les règles régissant la vente d’infrastructures importantes à des investisseurs privés étrangers, après la polémique née de l’octroi au groupe chinois Landbridge, pour 99 ans, de la gestion du port de Darwin.
State Grid et le groupe Cheung Kong Infrastructure Holdings ( Hong-Kong) avaient déposé un dossier en vue obtenir la gestion d’Ausgrid, le réseau électrique de l’État de Nouvelle-Galles du Sud. Mais en août dernier, leur offre avait été bloquée par le gouvernement fédéral australien. Au final, le gouvernement de Nouvelle-Galles du Sud a vendu 50,4% d’Ausgrid à un consortium australien constitué des fonds IFM et AustralianSuper, qui en auront la gestion pour 99 ans.
Sources : Trends.levif.be, Belga, la Tribune, WSJ
Elisabeth Studer – 4 novembre 2016 – www.leblogfinance.com