Revenus: plus on gagne d’argent, moins on partage avec son conjoint

Regarder dans le portefeuille des ménages afin de savoir qui partage son revenu et surtout pour quoi. L’Insee a publié une étude mercredi 4 novembre sur le partage de revenus et du pouvoir de décision dans les couples au sein de 15 pays de l’Union européenne. La règle commune est que dans tous les pays de l’UE, la majorité des couples déclarent mettre en commun les revenus des conjoints.

L’Insee montre qu’il existe de grandes différences pour les couples qui mettent totalement leur argent en commun suivant les pays. Ainsi en Espagne, au Portugal ou en Pologne, 90% des couples partagent complètement leurs revenus alors qu’ils ne sont seulement que 53% en Finlande. La France est plutôt entre les deux avec 63% des couples mettant leurs revenus en commun. La moyenne européenne est un peu plus élevée selon l’organisme, de 70 à 75%.

Pourquoi les couples mettent-ils leur argent en commun?

L’Insee distingue trois grandes situations: la mise en commun totale des revenus, celle ou chaque conjoint conserve une partie de ses revenus pour en disposer comme il le souhaite et l’hypothèse où les revenus sont totalement séparés. Selon l’étude, les rémunérations sont justement rarement totalement séparés dans les 15 pays de l’UE étudiés (entre 5 et 10%). A l’exception notable de l’Autriche (19%) et de la France (16,5%).

L’Insee explique que la solution privilégiée est « la mise en commun partielle des revenus ». Quels sont les facteurs qui influent sur ce partage? Plus les couples ont un niveau d’éducation élevés et plus leurs rémunérations sont importantes, moins ceux-ci partagent leurs revenus.

L’auteur de l’étude, l’économiste Sophie Ponthieux, explique ce décalage car « dans les couples d’éducation élevée, chaque conjoint a plus de chance de travailler et accorde plus d’importance à leur indépendance mutuelle ou à des valeurs d’égalité et d’autonomie ». Au contraire l’étude constate que « pour les couples dont les revenus sont très faibles, mettre en commun les revenus s’impose davantage comme une nécessité ».

Les couples anciens et mariés partagent plus souvent leurs revenus

Sans surprise, l’étude constate que « les couples mariés ou qui ont des enfants en commun mettent plus souvent leurs revenus totalement en commun ». L’Insee considère que « ce constat rejoint l’approche économique selon laquelle le mariage est vu comme un engagement (espéré durable) dans une relation de confiance, de partage, favorable à la mise en commun des revenus ». A noter que la France est toujours dans la moyenne basse des pays de l’UE des couples qui partagent leurs revenus en compagnie de la Finlande et de l’Autriche.

De plus, l’ancienneté des couples joue un rôle prépondérant dans le choix de mettre en commun ou non les revenus. Les expériences précédentes influent également sur le choix adopté par le couple. « Les couples dont au moins l’un des conjoints est dans une seconde union tendent à mettre moins souvent leurs revenus totalement en commun » note l’Insee. Le prix de l’expérience? Sans doute. Sophie Ponthieux note que « l’expérience d’une union précédente qui ne s’est pas avérée durable peut rendre les conjoints moins confiants dans la stabilité du lien conjugal ».

Les femmes prennent plus de décisions pour des petites dépenses

L’Insee constate que la répartition des revenus dans un couple ne dépend pas de la situation politique des pays étudiés (modèle social-démocrate, degrés différents d’Etat-providence ou système plus libéral).

Enfin il note que dans tous les pays de l’UE, les dépenses importantes pour les enfants sont « largement perçues comme équilibrées pour les femmes et les hommes » ainsi que les décisions d’achats de biens durables ou pour des emprunts.

Seule inégalité dans ce tableau, les dépenses de la vie de tous les jours où les femmes prennent les décisions.

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