Rubis s’engage vers les énergies vertes pour s’affranchir du pétrole

Le groupe Rubis, spécialisé dans la distribution et le stockage de produits pétroliers, s’engage de plus en plus dans la voie des énergies vertes, une stratégie qui peine à convaincre les marchés financiers.

Le passage des entreprises du secteur des hydrocarbures vers les énergies renouvelables est souvent semé d’embûches. Rubis, spécialisé dans la distribution et le stockage de produits pétroliers, en a fait l’expérience. Au cours des deux dernières années, ce groupe familial français a acquis 18,5 % d’Hydrogène de France et 80 % de Photosol, un producteur tricolore de photovoltaïque.

Cependant, ces diversifications vers les énergies renouvelables, bien que stratégiques, n’ont pas été bien accueillies par les marchés financiers. Le cours de l’action, aujourd’hui à 22 euros, est loin de ses niveaux d’avant-Covid (50 euros). Les investisseurs s’inquiètent du temps nécessaire pour créer de la valeur dans le domaine des énergies renouvelables, comme le soulignent les analystes d’Oddo.

Poids de l’activité pétrolière

En juillet, Nils Christian Bergene a été nommé président du conseil de surveillance de Rubis, suite à la démission de son prédécesseur, qui n’avait obtenu le renouvellement de son mandat qu’à 59 %. La question qui se pose est de savoir si Bergene pourra guider la société dans sa transition énergétique. Cependant, son expérience antérieure était principalement dans le secteur des hydrocarbures, ce qui soulève des doutes quant à sa capacité à diriger la transformation de Rubis. Les activités liées aux énergies renouvelables restent marginales au sein du groupe, qui affiche un chiffre d’affaires de 7 milliards d’euros. En 2022, Photosol a généré 25 millions d’Ebitda, contre 669 millions de résultat brut d’exploitation pour le groupe Rubis.

Fondée en 1990 par Gilles Gobin, ancien banquier au CCF, Rubis a grandi en investissant dans des domaines que les grandes entreprises énergétiques évitaient. Elle s’est positionnée dans des niches (terminaux et dépôts pour les produits pétroliers et chimiques, lubrifiants, bitume…) et dans des régions réputées difficiles (Caraïbes, Angola, Kenya…). Lorsque les grandes entreprises ont cédé des actifs jugés trop complexes à gérer, Rubis n’a pas hésité à investir massivement (plus de 2 milliards d’euros en acquisitions en trente ans). La société bénéficie désormais de positions dominantes grâce à son contrôle de la logistique. « Au Maroc, nous approvisionnons environ un hôtel sur trois en gaz ; à Madagascar, nous détenons 85 % du marché des bouteilles de gaz ; au Nigeria, nous représentons 50 % du secteur du bitume », explique Bruno Krief, directeur financier de Rubis. Présent dans 41 pays, le groupe Rubis emploie 4 500 personnes.

Relever le défi de la transition

Bien que les résultats financiers de Rubis aient été impressionnants au cours des dernières années, le cours de son action est en baisse depuis deux ans. La société se trouve donc à un carrefour. Elle a opté pour une diversification vers les énergies renouvelables pour satisfaire les attentes du marché, mais les coûts de ces acquisitions (environ 1 milliard d’euros en incluant la dette) ont été élevés. Certains actionnaires historiques ne suivent plus cette stratégie.

Pour reconquérir les marchés financiers, Rubis doit réussir sa phase de transition. Cela ne signifie pas nécessairement rompre totalement avec le passé, car l’Afrique a encore besoin d’énergies fossiles. La société prévoit d’investir un milliard d’euros supplémentaires d’ici 2028 dans les énergies renouvelables. « Nous disposons actuellement de 0,5 gigawatt de photovoltaïque », explique Clarisse Gobin Swiecznik, directrice générale déléguée. « D’ici 2030, nous visons 2,5 GW », soit l’équivalent de la puissance de deux cent