Ryanair reconnaît un syndicat de pilotes pour la première fois

La compagnie aérienne à bas coûts irlandaise Ryanair a signé un accord reconnaissant le syndicat de pilotes Balpa comme instance représentative au Royaume-Uni, une première historique pour le groupe en proie à de fortes tensions sociales.

Ryanair a dévoilé cet accord formel mardi, en rappelant être entrée en négociations avec Balpa depuis le mois de décembre quand la compagnie s’était engagée à reconnaître des syndicats de pilotes face à une grogne grandissante en son sein. Une porte-parole de Ryanair a confirmé à l’AFP qu’il s’agissait du premier accord de ce type signé dans l’histoire de Ryanair avec un syndicat.

La compagnie s’est félicité de cet accord, soulignant que le Royaume-Uni accueille près d’un quart des avions de la société et plus de 25% de ses pilotes. De son côté, Balpa, qui devient la seule instance représentative au sein de la compagnie au Royaume-Uni, a estimé que cet accord était « historique » et qu’il lui permettra d’être impliqué dans les prochaines négociations sur les salaires, les horaires, les plannings ou encore les vacances.

« Bien que nous étions au départ sceptiques quant à la sincérité de Ryanair concernant l’offre de reconnaissance proposée à nous et aux autres syndicats, nos conversations et réunions avec eux ont montré qu’ils voulaient vraiment une relation constructive », a déclaré Brian Strutton, secrétaire général de Balpa. Cette annonce intervient alors que l’ensemble des pilotes britanniques de Ryanair ont accepté récemment une hausse de salaires allant jusqu’à 20%, y compris dans la base de Stansted au nord de Londres qui avait refusé dans un premier temps ces nouvelles conditions salariales en fin d’année dernière.

« Les pilotes sont montés au front et il était clair que si Ryanair ne trouvait pas de solution la compagnie pourrait perdre encore plus de pilotes au profit de ses concurrents », explique Neil Wilson à l’AFP, analyste chez ETX Capital. La compagnie regrette toutefois que les négociations traînent en longueur avec les syndicats de pilotes dans les autres pays où elle possède des bases.

Incertitudes en Irlande

« Les progrès rapides au Royaume-Uni contrastent nettement avec les autres pays européens où nous attendons encore des réponses sur nos propositions de reconnaissance et où des syndicats n’ont pas réussi à se décider sur des hausses de rémunérations notables pour nos pilotes », explique dans le communiqué Eddie Wilson, le responsable du personnel de Ryanair. Ryanair avait annoncé fin décembre avoir trouvé un accord de reconnaissance avec le syndicat Impact en Irlande, mais ce compromis n’a pas encore été formalisé à ce jour.

Le groupe, qui avait longtemps fait l’objet de critiques sur son peu d’empressement pour améliorer les relations sociales, appelle désormais les syndicats dans les autres pays à « arrêter de perdre du temps et agir rapidement » pour mettre en place les hausses de rémunérations et conclure les accords de reconnaissance. Avec son geste envers les syndicats et les hausses de salaires, Ryanair compte répondre au malaise social en son sein, qui avait éclaté au grand jour en septembre dernier à l’occasion d’une vague d’annulations de vols de grande ampleur, justifiée par la société par des problèmes de planning de pilotes.

Cela n’a toutefois pas empêché la compagnie d’affronter avant Noël la première grève de pilotes de son histoire, en Allemagne, et un préavis a été annoncé en Italie pour le 10 février. Ryanair pourrait en dire plus sur l’impact des annulations de vols sur ses comptes lors de la présentation de ses résultats pour le troisième trimestre, c’est à dire la période d’octobre à décembre 2017, prévue lundi.

Au total, 20.000 vols sont annulés entre mi-septembre 2017 et mars prochain. Sur l’année écoulée, la compagnie a néanmoins battu son record du nombre de passagers transportés, à 129 millions, ce qui en fait la première en Europe selon ce critère. Le rythme d’augmentation de son trafic a toutefois ralenti en fin d’année, évoluant en comparaison annuelle au plus bas depuis 3 ans, loin d’un début 2017 encore très dynamique.

(Avec AFP)

Challenges en temps réel : Entreprise