Se projetant déjà dans la réouverture de l’économie, le CAC 40 finit la semaine en effervescence

Dopés par l’espoir d’une reprise rapide de l’économie à travers le monde, le CAC 40 boucle la semaine sur un gain de 3,42%, qui lui permet de limiter son recul hebdomadaire à 0,5%. Les investisseurs renouent avec l’appétit pour le risque, en dépit d’indicateurs économiques désastreux.

L’optimisme est tel que les investisseurs ont mis sous le tapis le déclin vertigineux de la croissance chinoise (-6,8%) annoncé vendredi matin. Au lendemain d’une séance bouclée proche de l’équilibre (-0,08%) malgré une nouvelle vague d’indicateurs économiques calamiteux, le CAC 40 s’offre un bon bol d’air vendredi (+3,42% à 4.499,01 points à la clôture), dans un volume de transactions plus étoffé que lors des dernières séances, à 4,4 milliards d’euros.

Malgré une contraction historique de l’économie chinoise, à son plus bas niveau depuis au moins 1992, la tendance du jour a été alimentée par les annonces de redémarrage (partiel) de l’économie dans plusieurs régions du monde et en particulier aux Etats-Unis, le président américain ayant en effet décrété cette nuit qu’il était « temps de faire redémarrer l’Amérique », relève John Plassard, responsable adjoint des investissements chez Mirabaud Securities. « Il faut alors espérer que le pic (de la pandémie, NDLR) soit derrière eux » ajoute-t-il. Ce qui est loin d’être certain puisque les États-Unis ont enregistré près de 4.500 décès au cours des dernières 48h, portant le total de décès à plus de 33.000 pour 670.000 cas confirmés.

Réouverture de l’économie américaine

Tiraillées entre les impératifs sanitaires et l’urgence de minimiser les coûts sur l’emploi ou la croissance, les autorités avancent vers le déconfinement en ordre dispersé. Après la France ou l’Allemagne, le président américain a donc révélé jeudi son plan pour redémarrer la première économie du monde. Détermine à réduire la facture, Donald Trump a jugé qu’en raison du ralentissement de la pandémie, « des grandes parties du pays pouvaient songer à rouvrir ». « La décision reviendra aux gouverneurs », a-t-il nuancé, tout en estimant que certains Etats pourraient « littéralement » entamer le déconfinement « dès demain ».

Dans le détail, « Donald Trump prévoit que 29 États sur les 50 que composent la première puissance mondiale pourraient rouvrir bientôt » indique Vincent Boy, analyste chez IG. « Le plan du président américain comporte trois phases, dont la première implique la réouverture des stades, des théâtres et des restaurants. La seconde concerne la reprise des vols non essentiels et la réouverture des écoles notamment avant la mise en place de la troisième phase et d’un retour complet de l’activité » précise-t-il.

L’analyste juge que les déclarations du président américain contribuent à une confiance un peu trop importante des marchés. Selon lui, ces derniers « persistent dans la perspective d’une reprise économique importante dès le second semestre 2020 et oublient d’une part, que l’épidémie est toujours bien présente et ne réduit pas drastiquement et d’autre part que même si le pic était atteint le risque d’une seconde vague est énorme ». Les entreprises et la population vont devoir s’adapter et la reprise en « big bang » que prône Donald Trump pourrait plutôt se transformer en croissance molle durant les prochains trimestres », anticipe-t-il. Gare à l’excès d’optimisme, donc.

Wall Street mise aussi sur les jours d’après le confinement

Portés par les déclarations de Trump et les signaux encourageants quant à un possible traitement du Covid-19 -la molécule antivirale développée par la biotech américaine Gilead originellement contre Ebola semble démontrer son efficacité alors qu’une autre biotech, Moderna, se voit attribuer une enveloppe de près de 500 millions de dollars pour accélérer le développement d’un potentiel vaccin- les indices new-yorkais évoluent dans le vert vendredi. À 17h55, le Dow prend 1,7%, le S&P 1,6% et le Nasdaq 0,6%.

Accor et le secteur aéronautique respirent

Sur le front des valeurs, 39 des 40 qui composent l’indice phare du marché parisien terminent la séance dans le vert, à l’exception de Dassault Systèmes (-1,1%), avec de violents rebonds pour le secteur aéronautique (+6,8% pour Airbus, +7,3% pour Safran), alors que Boeing a également annoncé la réouverture progressive de ses usines. Les banques profitent également du sursaut du CAC (+5,4% pour Crédit Agricole, +3,8% pour BNP Paribas, +2,3% pour Société Générale), alors qu’Accor (+9,3%) dominent le palmarès vendredi.

De son côté, LVMH s’adjuge 4,4% au lendemain de sa publication trimestrielle qui fait ressortir une chute de 17% de ses revenus au premier trimestre, conforme toutefois à l’estimation fournie par le géant du luxe quelques jours auparavant (évoquant alors une baisse susceptible d’aller jusqu’à -20%). L’activité Mode & Maroquinerie, la plus importante et généralement la mieux margée, a en outre mieux résisté que les autres divisions. Le redémarrage progressif de l’économie chinoise n’y est pas non plus étranger, et Kering (+5,4%) en profite aussi.

Dans le même contexte, L’Oréal grappille 1,3% après avoir fait état d’une baisse de 4,8% (seulement) de son chiffre d’affaires à données comparables au premier trimestre. Fort des signes encourageants observés en Chine, le groupe s’attend par ailleurs à une reprise rapide des ventes de cosmétiques une fois les mesures de confinement levées. Orange, qui a prévenu vendredi qu’il réduisait son dividende au titre de l’exercice 2019 et indiqué qu’à ce stade, il ne voyait pas de « déviation significative » par rapport à ses objectifs financiers établis pour 2020, gagne 1,8%.

Du côté d’Euronext Growth (ex-Alternext) c’est la société Plant Advanced Technologies qui a, après tant d’autres, profité d’un brutal regain d’intérêt de la part des investisseurs à l’annonce du démarrage d’un projet susceptible de déboucher sur un traitement expérimental du Covid-19.

Le WTI creuse encore

L’encre de l’accord historique conclu par l’Opep+ en fin de semaine dernière n’a pas eu le temps de sécher que le baril de « light sweet crude » texan touche un nouveau plus bas depuis septembre 2001, en lâchant 8,51% à 18,18 dollars vendredi à 18h, après être tombé sous les 18 dollars dans l’après-midi. Dans le même temps, le baril de Brent grignote 2,12% à 28,41 dollars, alors que les producteurs russes négocient actuellement la répartition des coupes de production.

Sur le marché des changes, la monnaie unique récupère 0,24% à 1,0885 dollar.