Serveurs, coiffeurs… l’Assemblée vote la défiscalisation des pourboires par carte bancaire pendant deux ans

L’Assemblée nationale a validé la défiscalisation des pourboires par carte bancaire pour les salariés gagnant jusqu’à 1,6 SMIC.

L’Assemblée nationale a voté ce mardi la défiscalisation des pourboires versés par carte bancaire en 2022 et 2023, notamment pour les salariés de l’hôtellerie et la restauration, une mesure fustigée par la gauche qui réclame une augmentation des salaires.

Avec cet amendement du MoDem Jean-Noël Barrot, les députés de la majorité veulent concrétiser une annonce du président Emmanuel Macron fin septembre visant à ce que « les pourboires payés par carte bleue soient sans charge pour les employeurs et sans impôt pour les salariés ».

Adoptée en première lecture lors de l’examen du budget 2022, cette mesure de « complément de rémunération » est présentée comme une réponse aux « difficultés de recrutement » de l’hôtellerie et la restauration et les « 160.000 postes » non pourvus, selon Jean-Noël Barrot. Le dispositif n’est toutefois pas limité à ce secteur et concerne les « professions salariées en contact avec la clientèle », avec un plafonnement à 1,6 SMIC, en deça duquel les salariés peuvent bénéficier de cette défiscalisation.

Opposition, à droite comme à gauche

A droite, Eric Woerth (LR) a regretté que la mesure ne s’applique pas à tous les taxis, « car la plupart sont des artisans ». Elle ne concerne pas non plus les indépendants travaillant pour des plateformes comme Uber ou Deliveroo. A l’extrême droite, le RN Sébastien Chenu a contesté une « fausse bonne idée », qui va « faire disparaître le pourboire en espèces ».

A gauche, Eric Coquerel (LFI) a accusé le gouvernement d’ouvrir une « boîte de Pandore » avec un « message » aux employeurs: « Payez vos salariés par ce type de compléments ! ». La « question, c’est la faiblesse des salaires », notamment des serveurs, à ses yeux. L’ex-LREM Emilie Cariou (non inscrite) a jugé « assez lamentable » la disposition qui fait « reposer sur la bonne volonté de chacun des Français la capacité à mieux rémunérer les salariés ».

Pour le député de centre droit Thierry Benoit (UDI), il ne faut pas en « faire un fromage », c’est simplement une « facilité offerte aux clients et aux serveurs ». La mesure, qui sera encore débattue durant la suite de la navette parlementaire, touche l’ensemble des pourboires, mais s’appliquera de facto à ceux payés en carte bancaire, puisque ceux en espèces ne sont pas contrôlés. Elle répond à la « hausse croissante des paiements électroniques et numériques », aux dépens des espèces, habituellement plus « propices à l’attribution de pourboires », a indiqué le ministre des Comptes publics Olivier Dussopt.ce