« Si je loue pendant 10 jours, ça me fait 7 000 euros » : avec les JO 2024, ces propriétaires visent le jackpot

Un an avant le début des Jeux olympiques, on connaît déjà quelques gagnants. Ce sont les propriétaires qui vont mettre leur logement en location durant l’événement et, par ricochet, Airbnb qui touche une commission sur les hôtes comme sur les voyageurs. D’après une étude réalisée par la plate-forme de réservation, l’intérêt pour ces jeux atteint des niveaux jamais vu depuis la création de la société américaine. À commencer par la consultation des annonces qui est 100 fois supérieure sur l’été 2024. Et cette montée en puissance n’est qu’un début puisque, en banlieue parisienne, le nombre des recherches a presque doublé au deuxième trimestre 2023 comparé au premier. « Cet engouement va bien au-delà des Jeux, souligne Catherine Powell, directrice de l’offre monde chez Airbnb. Près de 15 millions de visiteurs sont attendus en France et tous n’auront pas de billets. Une grande partie viendra donc pour l‘ambiance. » D’après le comité du tourisme de Paris, 3,3 millions de chanceux auront un ticket (22 %), 11,8 millions n’en auront pas. Un succès annoncé qui n’a pas échappé aux différents propriétaires, surtout à Paris et en région parisienne. Ainsi, près de 60 % de nouvelles annonces ont atterri sur le site au cours du deuxième trimestre 2023 par rapport au premier. Par ailleurs, selon un sondage Ifop, 20 % des Franciliens sont prêts à se lancer dans l’aventure pour la première fois dans les mois qui viennent.

Des prix bien supérieurs aux estimations d’Airbnb

Avec une telle manne de voyageurs, il y a de quoi rêver, voire fantasmer, sur le potentiel de son logement. Du côté d’Airbnb, la direction ne veut pas trop parler chiffre et préfère se référer à une étude du cabinet d’audit Deloitte qui avait estimé, en mars 2023, que la moyenne des prix, durant les Jeux, tournerait autour de 221 euros la nuit, soit une hausse de 85 % par rapport à l’été 2022. Mais il suffit de consulter le site pour avoir des chiffres bien différents. À Paris, pour un studio ou T1, même si quelques prix s’affichent autour de 320 euros ou 340 euros, la grande majorité dépassent les 700 euros, très loin donc des 221 euros de l’étude. On atteint même des prix délirants comme ce 2-pièces à Opéra loué 3 352 euros la nuit mais avec une réduction si on loue quatorze jours… soit 42 000 euros (3 000 euros la nuit). Quant à la chambre chez l’habitant, qui représentait 20 % des offres sur le site l’année dernière, les prix ne sont pas forcément moins élevés, avec, là aussi, des offres majoritairement à plus de 700 euros. Voire une pointe à 1 898 euros par nuit dans un appartement près des Champs-Élysées. Là aussi, si vous louez les deux semaines de compétition, soit 22 400 euros, vous aurez droit à une ristourne à 1 600 euros la nuit. Airbnb préfère temporiser et estime que ces prix ne reflètent pas la réalité puisque ce ne sont pas des prix réservés. « Quand l’offre sera plus importante, les prix vont baisser, assure Catherine Powell. On ne pourra pas louer à n’importe quel prix. D’ailleurs, nous avons créé un outil de tarification sur la plate-forme qui est justement là pour aider les propriétaires à fixer un prix reflétant l’état du marché. ». En réalité, il est difficile pour la plateforme américaine de donner des estimations car elle n’a pas de recul sur un tel évènement. « Airbnb n’était pas présent à Londres en 2012, donc la seule référence que nous ayons, ce sont les jeux de Rio, reconnaît-elle. Mais il y a eu beaucoup moins de touristes (un peu plus de 500 000 soit 30 fois moins qu’attendu à Paris) et moins d’offres aussi, c’est donc compliqué de comparer. »

Le XVIIIe, l’arrondissement parisien le plus recherché

Si l’on entre dans le détail des premières réservations, le XVIIIe arrondissement est le secteur le plus demandé sur Paris car il cumule deux avantages : être proche de la Seine-Saint-Denis où se déroulent de nombreuses épreuves et être un des quartiers les moins chers de la capitale. Nicole y loue habituellement un studio de 17 m2, à deux pas de Montmartre, depuis la création d’Airbnb, à des prix défiant toute concurrence : 100 euros la nuit. Pour les JO, elle n’a pas encore ouvert la réservation car elle ne sait pas encore les prix qu’elle va pratiquer. « Je vais peut-être augmenter un peu, à 120 euros, car je n’aime pas la spéculation, sourit-elle. Et puis je ne fais pas ça que pour l’argent, j’aime beaucoup les rencontres. » C’est d’autant plus facile qu’elle habite le même palier. « Les gens sont plus respectueux quand ils savent que le propriétaire habite à côté. ». Suivent ensuite le XVe arrondissement, puis les XIe, Xe et XIXe. L’idée étant que ces arrondissements sont des bons compromis entre le prix et le lieu des épreuves. Florent, lui, va se contenter de doubler le loyer. Dans le Xe, il loue son 3-pièces de 70 m2 environ 300 euros par nuit habituellement mais ce sera 700 euros pendant les JO. « Je ne veux pas être dans la surenchère, argumente-t-il. Et puis, si je le loue 10 jours, ça me fait 7 000 euros et ça me paye les vacances avec ma femme et ma fille pendant trois semaines ainsi que le ménage. » En région parisienne, ce sont, dans l’ordre, les villes de Boulogne (Hauts-de-Seine), Montreuil et Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) qui sont les plus recherchées. Là encore, la proximité des sites, les transports et les coûts souvent inférieurs à la capitale rendent ces villes attractives.

Le Bourget et Vaires-sur-Marne profiteront aussi de l’événement

Enfin, d’autres communes plus confidentielles doivent leur notoriété à certaines épreuves comme Le Bourget avec son site d’escalade ou Vaires-sur-Marne (Seine-et-Marne), théâtre des compétitions d’aviron et de canoé-kayak. Airbnb y enregistre trois fois plus de visites qu’à l’accoutumée. Une situation dont Françoise, propriétaire d’une grande maison à Vaires, compte bien profiter. Elle loue une chambre pour deux personnes. Habituellement, c’est 53 euros mais, pour les JO, elle monte à 80 euros. « C’est fou, plus d’un an avant, j’ai déjà loué à un anglais, deux Allemands, deux Irlandais et trois Hollandais, s’enthousiasme-t-elle. Depuis que les enfants sont partis, ça me fait de la compagnie. Chaque rencontre est une expérience. » Avec ses hôtes, Françoise coche presque toutes les cases du top 5 actuel des nationalités attendues. Dans l’ordre, il y a la France, puis le Royaume-Uni, l‘Allemagne, les États-Unis et les Pays-Bas. Quant à la composition, les groupes de 3 personnes sont majoritaires (40 %), puis les couples arrivent en deuxième (30 %) et les familles en dernier (20 %), les 10 % restant étant des voyageurs solos.