Skoda vise aussi le… haut de gamme

Skoda dans le haut de gamme, quel paradoxe ! C’est sûr, on n’attend pas a priori la firme tchèque, longtemps synonyme de voitures de l’Est rustres et pas chères, sur le terrain des Volkswagen Passat voire des Audi. Et pourtant… Le constructeur de Mlada Boleslav (60 kilomètres de Prague) révélera mi-février 2015 son nouveau porte-drapeau, la Superb III. Sa première apparition publique aura lieu au salon de l’automobile de Genève en mars. Pour une commercialisation mi-2015. Cette grande berline sera encore plus aboutie que l’actuelle Superb II, très spacieuse -ce qui la rend appréciable pour les taxis- mais dont l’esthétique pataude ne constitue certes pas le premier argument de vente.

La nouvelle venue, qui reprendra la base mécanique de la Passat de son actionnaire Volkswagen, se veut cette fois plus raffinée et séduisante, avec une silhouette bien plus fine, qui ressemble de plus en plus à une Audi. Cette nouvelle génération vise de nouveaux clients dont les attentes sont plus élevées encore, affirme le communiqué publié en ce début de semaine, pour dévoiler les grandes lignes de cette concurrente de la future grande Renault « premium ». Les dernières technologies seront disponibles sur la Superb III, dont les versions les mieux dotées dépasseront allègrement les 40.000 euros.

Intégrée à Volkswagen depuis 1991

Intégrée au groupe Volkswagen depuis 1991, la marque tchèque a célébré sa millionième voiture vendue en 2014, une barrière franchie le 10 décembre dernier. C’est la première fois que Skoda dépasse le million de ventes annuelles. Cette entreprise de 26.000 salariés, dont les origines remontent à 1895, a enregistré sur les onze premiers mois 955.300 livraisons, soit 34.500 de plus par rapport à 2013 et 16.100 par rapport à son année record précédente de 2012. Le quart des voitures a été livré en Chine, premier débouché de Skoda.

Le chiffre d’affaires a enregistré sur neuf mois une progression de 19,3% à 8,8 milliards d’euros. Le bénéfice d’exploitation a crû pour sa part de 75% à 651 millions d’euros. Soit une confortable marge opérationnelle de 7,4%… contre 9,75% pour le label haut de gamme Audi et 2,3% seulement pour la marque Volkswagen. Quelle ironie !

La compétitivité et la qualité de production de la firme sont telles que Skoda va investir 450 millions d’euros sur le site de Kvasiny, dans l’est du pays, afin notamment de fabriquer un véhicule pour Seat, la filiale espagnole de Volkswagen, qui se porte beaucoup moins bien. Jürgen Stackmann, PDG de Seat, avait affirmé en juin dernier que le prochain 4×4 compact de la marque ibérique serait effectivement produit chez Skoda. Les coûts sont plus faibles à Kvasiny qu’à Martorell, le site de Seat près de Barcelone. Le site tchèque devrait recruter 1.500 personnes.

Finie, la production à bas coûts

Skoda s’est éloigné progressivement de son image de solution alternative aux Lada soviétiques. Le groupe Volkswagen a habilement positionné depuis la firme tchèque comme un label familial plus accessible, à gabarit égal, que Volkswagen. Les Skoda offrent davantage d’espace intérieur, avec des voitures plus grandes mais un peu plus simples techniquement, même si elles piochent dans la banque d’organes du consortium germanique, pour un prix un peu inférieur. C’est là toute l’astuce.

La récente Skoda Octavia de gamme moyenne, la plus vendue de la firme tchèque, est ainsi une Volkswagen Golf sérieusement rallongée, beaucoup plus spacieuse, plus économique, mais moins raffinée à conduire, pour un tarif qui, à équipement égal, n’est pas si éloigné. Skoda n’est aujourd’hui nullement aujourd’hui une marque à bas coûts.

Ci-dessous le concept car Vision C qui a inspiré la Superb III


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